Je t'avertis dans cet article je vais me plaindre et être triste.
Cette année on a réformé ma licence.
Donc je me retape un mélange de ma L1 et de ma L2. Soit. On peut toujours creuser encore le romantisme, la rhétorique, la méthodologie du commentaire composé (ha non, ça non). Si vous voulez.
Sauf qu'on creuse pas.
On ne fout rien. Littéralement.
Bon, ils ont ouverts tous nos cours de lettres à des spécialistes d'autres disciplines alors faut bien les rendre accessibles aux autres gens.
Mais on ne fout rien. J'étais toujours à me défendre "oui mais on a beaucoup de travail les lettres c'est exigeant" et c'était vrai et puis maintenant j'ai un seul commentaire à rendre sur le semestre (et environ une dizaine de versions latines mais c'est pas la question) et heureusement que j'ai pris du polonais cette année parce que sinon je n'aurais eu qu'un cours qui exige quelque chose de moi.
Je suis en train de vriller complètement dans ma tête, je passe les cours sur facebook parce que si j'écoute vraiment j'ai envie de hurler, de pleurer et de partir, c'est horrible à quel point c'est violent comme situation. Pour une fille complètement traumatisée par l'école où on s'ennuie, où on ne comprend pas qu'on demande du travail alors que c'est tellement simple (coucou le HQI), c'est ultra atroce à gérer. Ma raison de me lever le matin, aka les cours de littérature, apprendre des choses, vivre de nouvelles expériences intellectuelles, me sentir stimulée, tout ça...C'est mort.
Professionnalisons la licence de lettres et enterrons les gens dedans.
A force de vouloir que je produise quelque chose dans votre société vous allez finir par détruire tout ce que j'aurais pu faire, dire et apporter !
En une seule petite réforme le seul endroit lié à l'école dans lequel je me suis jamais sentie bien est devenu une prison où je m'ennuie. Je n'ai plus de motivation pour abattre du travail, pour lire, pour réfléchir, à quoi bon on ne nous demande pas de le faire. Être là, et encore.
En tant qu'élève c'est ce qui m'a toujours démotivée c'était de sentir que je pouvais donner mon minimum et que ce serait satisfaisant. Je ne me souviens pas d'une seule fois où j'ai ouvert un cahier pour réviser de toute la primaire et de tout le collège. D'une seule fois où j'ai fais mes devoirs, en fait - sauf chez les autres parce que les mamans faisaient faire les devoirs et vérifiaient le cahier de texte. Je n'en ai jamais eu besoin. Au lycée, idem. Les seules matières où j'échouais étaient celles qui demandaient du par cœur et beaucoup de devoir maison (je ne les faisais pas). Je suis la fille énervante qui a eu mention bien au bac en ayant révisé deux heures.
Parce que c'était trop facile pour moi. Je m'ennuyais, rien n'était approfondis assez, ou assez intéressant. J'ai survécu à mes deux premières années de lycée et j'ai haïs aussi fort la terminale parce que ce qui nous tenait lieu de cours de littérature s'est retrouvé décevant au possible (à croire que l'oeuvre au programme c'était les annales du bac).
Et là on recommence ?
Encore ?
Encore l'ennui, encore les heures où on voudrait être ailleurs, les yeux qui se perdent ailleurs, loin, le livre qu'on écrit en cours, les cours qu'on écrit pas, et on s'en sortira quand même, l'épuisement mental, l'insomnie - la vie est vide et noire - l'envie d'arrêter et de partir vivre dans le bois ?
Faire contre mauvaise fortune bon cœur TOI MÊME.
Je hais cette réforme !
Je hais qu'on ait détruit ce qui faisait le cœur de ma vie et qui me remplissait de joie !
Je hais ce que ça veut dire, qu'on détruise les lettres. Je hais qu'on me signifie qu'il n'y a pas de place dans cette société productiviste pour des bizarres comme moi qui se passionne pour la littérature (elle a des rapports avec tout, la littérature, bande de.), je hais cette envie de pleurer et de taper des poings - l'injustice !
J'ai l'impression de payer trop cher l'impopularité de ma filière. Pour moi c'est pas juste une voie pour aller en école de journalisme, pour faire de l'info com, pour être bibliothécaire, éditrice, que sais-je. C'est ce qui m'anime. Ce qui me fait vivre et ce qui me donne envie de vivre.
Et sans ça je meurs. Loin. Au fond.
J'ai appris à aimer la vie et à croire en l'avenir parce que ce chemin s'ouvrait à moi.
Et il a fallut qu'on l'enlève ?!
Et il faudrait qu'on s'assoie et qu'on se taise parce qu'on est pas assez ?
Qu'est-ce que je peux faire, moi ?
C'est ça qui me tue, qu'est-ce que je peux faire sinon continuer en attendant que l'orage passe ?
S'il passe.
Cette année on a réformé ma licence.
Donc je me retape un mélange de ma L1 et de ma L2. Soit. On peut toujours creuser encore le romantisme, la rhétorique, la méthodologie du commentaire composé (ha non, ça non). Si vous voulez.
Sauf qu'on creuse pas.
On ne fout rien. Littéralement.
Bon, ils ont ouverts tous nos cours de lettres à des spécialistes d'autres disciplines alors faut bien les rendre accessibles aux autres gens.
Mais on ne fout rien. J'étais toujours à me défendre "oui mais on a beaucoup de travail les lettres c'est exigeant" et c'était vrai et puis maintenant j'ai un seul commentaire à rendre sur le semestre (et environ une dizaine de versions latines mais c'est pas la question) et heureusement que j'ai pris du polonais cette année parce que sinon je n'aurais eu qu'un cours qui exige quelque chose de moi.
Je suis en train de vriller complètement dans ma tête, je passe les cours sur facebook parce que si j'écoute vraiment j'ai envie de hurler, de pleurer et de partir, c'est horrible à quel point c'est violent comme situation. Pour une fille complètement traumatisée par l'école où on s'ennuie, où on ne comprend pas qu'on demande du travail alors que c'est tellement simple (coucou le HQI), c'est ultra atroce à gérer. Ma raison de me lever le matin, aka les cours de littérature, apprendre des choses, vivre de nouvelles expériences intellectuelles, me sentir stimulée, tout ça...C'est mort.
Professionnalisons la licence de lettres et enterrons les gens dedans.
A force de vouloir que je produise quelque chose dans votre société vous allez finir par détruire tout ce que j'aurais pu faire, dire et apporter !
En une seule petite réforme le seul endroit lié à l'école dans lequel je me suis jamais sentie bien est devenu une prison où je m'ennuie. Je n'ai plus de motivation pour abattre du travail, pour lire, pour réfléchir, à quoi bon on ne nous demande pas de le faire. Être là, et encore.
En tant qu'élève c'est ce qui m'a toujours démotivée c'était de sentir que je pouvais donner mon minimum et que ce serait satisfaisant. Je ne me souviens pas d'une seule fois où j'ai ouvert un cahier pour réviser de toute la primaire et de tout le collège. D'une seule fois où j'ai fais mes devoirs, en fait - sauf chez les autres parce que les mamans faisaient faire les devoirs et vérifiaient le cahier de texte. Je n'en ai jamais eu besoin. Au lycée, idem. Les seules matières où j'échouais étaient celles qui demandaient du par cœur et beaucoup de devoir maison (je ne les faisais pas). Je suis la fille énervante qui a eu mention bien au bac en ayant révisé deux heures.
Parce que c'était trop facile pour moi. Je m'ennuyais, rien n'était approfondis assez, ou assez intéressant. J'ai survécu à mes deux premières années de lycée et j'ai haïs aussi fort la terminale parce que ce qui nous tenait lieu de cours de littérature s'est retrouvé décevant au possible (à croire que l'oeuvre au programme c'était les annales du bac).
Et là on recommence ?
Encore ?
Encore l'ennui, encore les heures où on voudrait être ailleurs, les yeux qui se perdent ailleurs, loin, le livre qu'on écrit en cours, les cours qu'on écrit pas, et on s'en sortira quand même, l'épuisement mental, l'insomnie - la vie est vide et noire - l'envie d'arrêter et de partir vivre dans le bois ?
Faire contre mauvaise fortune bon cœur TOI MÊME.
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Vomir-hurler. |
Je hais cette réforme !
Je hais qu'on ait détruit ce qui faisait le cœur de ma vie et qui me remplissait de joie !
Je hais ce que ça veut dire, qu'on détruise les lettres. Je hais qu'on me signifie qu'il n'y a pas de place dans cette société productiviste pour des bizarres comme moi qui se passionne pour la littérature (elle a des rapports avec tout, la littérature, bande de.), je hais cette envie de pleurer et de taper des poings - l'injustice !
J'ai l'impression de payer trop cher l'impopularité de ma filière. Pour moi c'est pas juste une voie pour aller en école de journalisme, pour faire de l'info com, pour être bibliothécaire, éditrice, que sais-je. C'est ce qui m'anime. Ce qui me fait vivre et ce qui me donne envie de vivre.
Et sans ça je meurs. Loin. Au fond.
J'ai appris à aimer la vie et à croire en l'avenir parce que ce chemin s'ouvrait à moi.
Et il a fallut qu'on l'enlève ?!
Et il faudrait qu'on s'assoie et qu'on se taise parce qu'on est pas assez ?
Qu'est-ce que je peux faire, moi ?
C'est ça qui me tue, qu'est-ce que je peux faire sinon continuer en attendant que l'orage passe ?
S'il passe.