Je viens de voir passer les dessins d'un gars sur mon Twitter. Pendant Inktober, il a représenté les maladies mentales sous la forme de monstres.
Et, non.
On regarde déjà les bipolaires, les dépressifs, les autistes, les schizophrènes, tout ça, comme des monstres. On a pas besoin de plus de clichés, de préjugés, de plus de représentations de nous en tant que monstres bizarres inhumains.
Nous ne sommes pas des monstres.
Nous ne sommes pas des maladies qu'on représente.
Y'a déjà tellement de stigmatisations, de clichés autour de tout ça. Est-ce qu'on a vraiment besoin d'en rajouter une couche ?
Quel effet ça a de voir que pour un artiste toi et ta maladie vous êtes des monstres ?
Je sais pas.
Moi ça m'a fait mal au ventre.
Pour la petite anecdote, c'est dur de s'approprier un diagnostique de maladie. Parce qu'on te le pose sur ce qui a été toi jusque là et que ça t'écrase un peu et qu'il faut faire la vie à nouveau avec ces mots sur toi.
Quand on m'a dit que j'étais bipolaire c'était difficile. Je sais pas à quel point ça l'aurait été plus si on m'avait dit "tu es bipolaire" et qu'on m'avait montré un monstre à deux tête dégoulinant comme nouvelle représentation de moi, de cette identité que je portais désormais en moi.
Il s'avère en fait que je ne suis probablement pas bipolaire (un jour je reviendrais sur les diagnostiques pro VS auto-diagnostiques) mais autiste (youpi une nouvelle étiquette).
C'est un diagnostique qui a été très libérateur. C'est un mot que j'aime avoir près de moi parce qu'il m'aide à m'expliquer à moi-même et qu'il fait décroître ma culpabilité.
Je n'ai pas envie de voir ça comme un monstre qui me ruine et qui arrache tout.
Pourtant ça arrive.
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A quel moment tu te dis que c'est bien de représenter toute une maladie et les humains derrières de cette façon ? Punaise. |
Si je devais représenter certains troubles que j'ai je leur ferais des visages atroces. Des griffes qui se plantent pour la dépression et une bouche qui hurle sans fin. Mais c'est moi. C'est mon trouble. Je la représente comme ça parce que je la connais de l'intérieur.
ça me viendrait pas à l'idée de représenter le trouble de la personnalité borderline d'un autre humain que je connais. C'est le sien. Même si je sais ce que c'est de manière théorique.
Et d'ailleurs je pense vraiment qu'on a pas besoin de plus de représentation de l'horreur que c'est. En tout cas pas avec des visuels comme ça.
Mais c'est urgent qu'on associe troubles mentaux et humains derrière.
Y'a Anne Betton qui a fait ça merveilleusement bien en prenant en photo des personnes bipolaires, dépressives, etc...de manière totalement normale. Comme on aurait pris en photo n'importe qui. Personne qui hurle, qui tape sa tête contre les murs...Parce que nous ne sommes pas que ça.
Il y a ça.
Je me tape la tête contre les murs.
Je pleure.
Je crie.
Je me griffe.
Il y a le noir et l'horreur dans la maladie mentale, oui.
Mais c'est intime.
Si tu me suis avec un appareil photo tous les jours tu ne me verras pas faire ça. Voire tu me verras mener une vie vraiment très normale et tu seras déçu.
Et pourtant. C'est ça aussi la maladie. Le quotidien, le banal, l'humain.
Regarde ça avant de me dessiner en monstre.
Mais c'est intime.
Si tu me suis avec un appareil photo tous les jours tu ne me verras pas faire ça. Voire tu me verras mener une vie vraiment très normale et tu seras déçu.
Et pourtant. C'est ça aussi la maladie. Le quotidien, le banal, l'humain.
Regarde ça avant de me dessiner en monstre.