Il faut que je vous parle de ce qui est devenu mon pain quotidien (mais quel jeu de mot).
Anorexie.
Ceci est un mot FLIPPANT. Que je refuse d'appliquer à moi. Parce que déjà je me sens pas crédible quand je le dis (rapport à mon absence de maigreur), et ensuite parce que tout bêtement, je me sens pas crédible quand je le dis (oui j'ai dit deux fois la même chose).
Anorexie.
Ceci est un mot FLIPPANT. Que je refuse d'appliquer à moi. Parce que déjà je me sens pas crédible quand je le dis (rapport à mon absence de maigreur), et ensuite parce que tout bêtement, je me sens pas crédible quand je le dis (oui j'ai dit deux fois la même chose).
Pourtant c'est un mot terriblement réel et qui me colle à la peau.
Je ne l'ai pas cherché. Je me suis déjà débattue avec, puis je suis devenue anorexique-boulimique et les deux se livraient un bras de fer avec moi au milieu. A ce moment là je priais pour revenir à l'anorexie parce que c'était bien plus dur de supporter les deux en même temps. J'ai appris à vivre avec ma boulimie au quotidien, avec le spectre de l'autre derrière. J'ai fini par comprendre, par accepter certaines choses. J'étais toujours boulimique, j'avais toujours des réflexes de boulimique, des pensées d'anorexique. Peu à peu ça c'est éteint. Cette année, j'avais cessé de faire attention à tout ça, j'avais toujours des petites périodes tendues avec la nourriture et mon corps, mais je me contentais d'éviter les miroirs en me disant "ça passera". Et ça passait.
J'ignore encore pourquoi et comment je suis retombée là dedans. Je sais juste qu'un beau soir je me suis retrouvée les doigts au fond de la bouche pour vomir ma soupe du soir et j'ai commencé à me dire qu'il y avait un problème. Après, sous la douche, je me suis repassée les derniers jours dans ma tête. J'ai commencé à tilter que effectivement, mon alimentation s'était réduite à pas grand-chose. J'ai essayé de remanger normalement, les jours suivants. Mais je ne pouvais plus. J'ai pleuré quand j'ai compris que j'en avais pas encore fini avec tous ces trucs.
Les habitudes me sont revenues super vite. Le calcul des calories permanent alors que je pensais avoir tout oublié. Les aliments interdits. Les repas interdits. La limite de 400 calories à ne pas dépasser par jour. Le tic de "mon ventre est-il plat, est-ce que je sens assez mes os" (réponse : oui, non). Le "non. Ne mange pas." mental qui revient sans arrêt quand je me dis "peut-être que je devrais manger un truc quand même.". L'impossibilité de m'endormir si je n'ai pas des crampes de faim. La faim qui ne revient que la nuit. Tout ça me semble totalement naturel désormais.
Je ne fais pas un régime, je n'ai pas envie de perdre trois kilos pour me sentir canon dans mon maillot de bain cet été (de toute façon, je me baigne pas l'été, la question du maillot de bain est donc réglée). Je ne trouve même pas la maigreur attirante (enfin, si, sur les hommes, mais jusqu'à preuve du contraire, je n'en suis pas un) et je me fous du fameux "diktat de la minceur" que j'ai appris à dépasser il y a quelques années. Pourtant je ne peux pas manger "normalement" et je suis terrifiée à l'idée de grossir. Quoi que je mange, j'ai l'impression de bouffer de la culpabilité par kilos.
Donc bon. Quand bien même j'aurai voulu maigrir, je n'étais pas obligé de réduire mon alimentation à...des biscottes (monomaniaque de la biscotte bonjour !). Entre autre.
Et crois-moi. Si je pouvais éviter ça, je le ferai. Si je pouvais éviter le regard de mes parents le soir à table quand j'enchaîne les verres d'eau qui constitueront mon repas, si je pouvais éviter les réflexions moqueuses de ma petite sœur, si je pouvais éviter de prendre la tête à mon meilleur ami pendant des heures avec des "mais regaaaaaarde cette photo je suis énorme dessus c'est dégueulasse putain on voit même pas que j'ai perdu" (mon meilleur ami est une perle. Il me supporte. Même quand je suis atrocement chiante (je le suis souvent)), si je pouvais ne pas me prendre des pulsions de haines envers mon corps qui me conduisent à me blesser moi-même, si je pouvais éviter toute la culpabilité d'avoir des gens qui s'inquiètent pour moi et toute la honte d'être anorexique dans ma tête sans que ça se voit ("T'es anorexique ?! Mais...t'es pas maigre !". Je sais, je sais. Tu veux bien cesser de me le rappeler ? Merci, t'es mignon.). Si je pouvais être capable de manger sans me sentir aussi mal, si je pouvais être capable de redevenir normale au lieu de culpabiliser comme une folle parce que j'ai ce syndrome et que je ne sais pas comment me battre contre (et que je n'y arrive pas. En fait.), si je pouvais continuer mon roman tranquille sans décrocher tous les 500 mots écrits parce que ma concentration est au plus bas, si je pouvais poster des articles comme avant au lieu d'être complètement obsédée par cette histoire au point de ne pas pouvoir en décrocher mes pensées, juré, je le ferais. Ce truc n'est qu'un enfer et j'ai l'impression d'un double maléfique a pris le contrôle à ma place. Et c'est dur.
Voilà. Bref. Je laisse ce blog en friche, parce que, vous m'excuserez, je participe au camp nanowrimo (le nano qui se passe d'avril à juin et pendant lequel tu peux baisser les mots à écrire) et que j'espère bien le terminer, que j'ai plein de théâtre et le bac à préparer, et aussi parce que j'attends d'aller mieux avant de revenir.
Des bisous pour vous, et des paillettes.
Je ne l'ai pas cherché. Je me suis déjà débattue avec, puis je suis devenue anorexique-boulimique et les deux se livraient un bras de fer avec moi au milieu. A ce moment là je priais pour revenir à l'anorexie parce que c'était bien plus dur de supporter les deux en même temps. J'ai appris à vivre avec ma boulimie au quotidien, avec le spectre de l'autre derrière. J'ai fini par comprendre, par accepter certaines choses. J'étais toujours boulimique, j'avais toujours des réflexes de boulimique, des pensées d'anorexique. Peu à peu ça c'est éteint. Cette année, j'avais cessé de faire attention à tout ça, j'avais toujours des petites périodes tendues avec la nourriture et mon corps, mais je me contentais d'éviter les miroirs en me disant "ça passera". Et ça passait.
J'ignore encore pourquoi et comment je suis retombée là dedans. Je sais juste qu'un beau soir je me suis retrouvée les doigts au fond de la bouche pour vomir ma soupe du soir et j'ai commencé à me dire qu'il y avait un problème. Après, sous la douche, je me suis repassée les derniers jours dans ma tête. J'ai commencé à tilter que effectivement, mon alimentation s'était réduite à pas grand-chose. J'ai essayé de remanger normalement, les jours suivants. Mais je ne pouvais plus. J'ai pleuré quand j'ai compris que j'en avais pas encore fini avec tous ces trucs.
Les habitudes me sont revenues super vite. Le calcul des calories permanent alors que je pensais avoir tout oublié. Les aliments interdits. Les repas interdits. La limite de 400 calories à ne pas dépasser par jour. Le tic de "mon ventre est-il plat, est-ce que je sens assez mes os" (réponse : oui, non). Le "non. Ne mange pas." mental qui revient sans arrêt quand je me dis "peut-être que je devrais manger un truc quand même.". L'impossibilité de m'endormir si je n'ai pas des crampes de faim. La faim qui ne revient que la nuit. Tout ça me semble totalement naturel désormais.
Je ne fais pas un régime, je n'ai pas envie de perdre trois kilos pour me sentir canon dans mon maillot de bain cet été (de toute façon, je me baigne pas l'été, la question du maillot de bain est donc réglée). Je ne trouve même pas la maigreur attirante (enfin, si, sur les hommes, mais jusqu'à preuve du contraire, je n'en suis pas un) et je me fous du fameux "diktat de la minceur" que j'ai appris à dépasser il y a quelques années. Pourtant je ne peux pas manger "normalement" et je suis terrifiée à l'idée de grossir. Quoi que je mange, j'ai l'impression de bouffer de la culpabilité par kilos.
Donc bon. Quand bien même j'aurai voulu maigrir, je n'étais pas obligé de réduire mon alimentation à...des biscottes (monomaniaque de la biscotte bonjour !). Entre autre.
Et crois-moi. Si je pouvais éviter ça, je le ferai. Si je pouvais éviter le regard de mes parents le soir à table quand j'enchaîne les verres d'eau qui constitueront mon repas, si je pouvais éviter les réflexions moqueuses de ma petite sœur, si je pouvais éviter de prendre la tête à mon meilleur ami pendant des heures avec des "mais regaaaaaarde cette photo je suis énorme dessus c'est dégueulasse putain on voit même pas que j'ai perdu" (mon meilleur ami est une perle. Il me supporte. Même quand je suis atrocement chiante (je le suis souvent)), si je pouvais ne pas me prendre des pulsions de haines envers mon corps qui me conduisent à me blesser moi-même, si je pouvais éviter toute la culpabilité d'avoir des gens qui s'inquiètent pour moi et toute la honte d'être anorexique dans ma tête sans que ça se voit ("T'es anorexique ?! Mais...t'es pas maigre !". Je sais, je sais. Tu veux bien cesser de me le rappeler ? Merci, t'es mignon.). Si je pouvais être capable de manger sans me sentir aussi mal, si je pouvais être capable de redevenir normale au lieu de culpabiliser comme une folle parce que j'ai ce syndrome et que je ne sais pas comment me battre contre (et que je n'y arrive pas. En fait.), si je pouvais continuer mon roman tranquille sans décrocher tous les 500 mots écrits parce que ma concentration est au plus bas, si je pouvais poster des articles comme avant au lieu d'être complètement obsédée par cette histoire au point de ne pas pouvoir en décrocher mes pensées, juré, je le ferais. Ce truc n'est qu'un enfer et j'ai l'impression d'un double maléfique a pris le contrôle à ma place. Et c'est dur.
Voilà. Bref. Je laisse ce blog en friche, parce que, vous m'excuserez, je participe au camp nanowrimo (le nano qui se passe d'avril à juin et pendant lequel tu peux baisser les mots à écrire) et que j'espère bien le terminer, que j'ai plein de théâtre et le bac à préparer, et aussi parce que j'attends d'aller mieux avant de revenir.
Des bisous pour vous, et des paillettes.
Merde. Le nano. J'ai oublié. Et je me sens pas de ressubir le stress des 4 jours de retard x)
RépondreSupprimerPour ton souci, je ne sais même pas s'il est une bonne idée que j'en parle, car je n'ai jamais vécu ça et j'ai toujours éprouvé une assez lourde incompréhension vis-à-vis de l'anorexie (sans pour autant juger, j'essaie justement de m'ouvrir le plus possible au sujet pour rattraper mon incompréhension).
Mais j'ai envie de te dire que j'ai vu les dernières photos de toi sur facebook, j'ai vu à quoi tu ressemblais, et t'es vraiment un joli bout de femme. Je sais que ça ne suffira pas, mais je te le dis. Tu ne mérites pas de subir tout ça car tout va bien chez toi.
Comme je te comprend ^^
SupprimerLa plupart des gens éprouvent une incompréhension vis-à-vis de ça, je pense que c'est normal parce qu'avant de tomber dans ce genre de trucs je pensais juste que ces filles étaient un peu stupides de ne pas manger.
Oh...merci ^^'
(Decay, tu t'arrêtes pas un peu vite ? Baisse le nombre de mots à 50 000 - 5 x 1666 ! Au moins, tu écriras. Plutôt que de ne juste... Pas écrire (enfin je dis ça mais moi j'écris pas, parce que j'ai le bac à réviser et trop de contraintes diverses et variées... Et ça me frustre.))
SupprimerC'est marrant parce que, avant que TU ne tombes là-dedans (et que je te connaisse), je pensais la même chose. Sauf que, si je ne comprends pas plus POURQUOI, je comprends en revanche que tu n'y peux rien et que tu en souffres même, et je comprends aussi que tu risques d'avoir du mal à t'en sortir toute seule. (En vrai, je passe une grande partie de mon temps libre à me creuser la tête pour t'aider. Mais je crois que de loin, c'est dur, en fait)
Tu vois que tu est magnifique. Il n'y a pas qu'Ama et moi qui le disons, Anaïs aussi le dit. Et tu ne mérites pas ça, c'est certain. Parce que tu es formidable. *câlin*
T'inquiète, moi non plus je ne comprend pas pourquoi. (mais...tu en fais déjà beaucoup plus pour moi que des gens qui se trouvent à côté de moi et qui me côtoient tous les jours. Et je t'en remercierai jamais assez. Et cesse donc de te creuser la tête à cause de moi).
Supprimer*câlin*. Tu dis des bêtises, mais câlin quand même ^^
Bah en fait, si on pense que les anorexiques sont des idiotes, c'est surtout à cause du manque d'infos. Parce que c'est une VRAIE maladie, reconnue, tout comme l'est la dépression, et que par conséquent c'est pas souhaité, et que se soigner seul est extrêmement difficile...
RépondreSupprimerOui du coup. COURAGE COURAGE COURAGE. EVERYTHING IS GONNA BE ALL RIGHT, BE STRONG, BELIEVE. J'ai aussi souvent du mal à manger et sans être anorexique, je pense pouvoir appréhender plus ou moins l'horreur que ça doit être. Et...bref je sais pas quoi dire. Juste paillettes, lumière, joie, *câlin*, courage, amitié, soutien. KEUR <3.
Pouce vert pour toi.
SupprimerEt des coeurs.
(je suis lamentable pour répondre à tes commentaires gentils. Mais je les aime bien ^^)
Je t'avoue que je ne sais pas quoi écrire, mais crois-moi que j'essaye de t'aider au maximum, que j'essaye de te sortir de cette mauvaise passe parce que je sais qu'on ne peut se sortir de ce genre de choses seul (seule pour toi). Je n'ai jamais connu l'anorexie, ni la boulimie, mais je sais à quel point il est dur de s'en sortir tout seul pour ce genre de choses dont tu es la victime mais dont tu ne peux pas te sortir car ce n'est pas vraiment toi qui choisis d'être comme ça. J'essaye de tout faire pour t'aider mais j'ai l'impression que je ne fais rien, et ça aussi c'est frustrant (waaah on dérive sur moi là, je me recentre sinon ça va partir en pavé cette histoire... bah fuck it c'est déjà un pavé de toutes façons). Beaucoup de fois où je te demande si ça va et que tu me réponds "oui ça va" je te crois, mais quand tu me dis que tu ne va pas très bien mais que tu t'en sortiras toute seule j'aimerais te croire, mais c'est presque impossible. Pourquoi vouloir persévérer à s'en sortir seul lorsqu'on a des amis autour de soi, des amis sur lesquels on peut compter, qui peuvent nous aider? Cherche autour de toi, et tu verras que tu as plus d'amis prêts à t'aider que tu ne le crois. Je sais que demander ce genre de choses à des amis peut paraître déplacé ou difficile à demander car ça nécessite une confiance en cette personne, et je sais que la confiance est une chose dure à céder (j'en ai fais les frais plus jeune, et ça ne m'as vraiment pas aidé, bien au contraire), mais néanmoins il faut savoir la céder aux bonnes personnes (encore une fois je ne m'aventure pas en terrain inconnu, j'en ai aussi fais l'expérience plus jeune, et d'ailleurs j'ai bien fait d'accorder ma confiance à cette personne). Dis-toi que tu a des gens autour de toi à qui tu compte (oui je sais c'est bizarre comme formulation, j'ai pas trouvé mieux), et ces personnes sont prêtes à faire bien plus que tu ne crois pour toi. La preuve, ton meilleur ami (je ne citerai pas son nom mais tu vois de qui je veux parler (ton photographe. Je pense que tu vois maintenant)) te supporte et t'aide, je dirais même que tu crois qu'il te supporte mais qu'en réalité il n'a pas à te supporter, car tu n'es pas insupportable. Puis se confier à des amis, écrire ce qu'on pense, ou du moins extérioriser ses problèmes t'aidera énormément. Je suis sur que rien que le fait de confier ça aux lecteurs de ton blog t'as un peu soulagée d'un poids, car eux aussi sont tes amis en fin de compte (même si tu ne les connais pas physiquement tu peux tisser de forts liens avec eux, et oui encore une fois je m'y connais, et ça date pas d'il y a longtemps, parole d'un gamer/geek avéré, certifié, ce que vous voulez en fait, mais je sais de quoi je parle), et ils t'aident à supporter avec toi le poids de cette "douleur".
RépondreSupprimerTu as des gens qui sont là pour t'aider, laisse-les t'aider, et tu verras que tu iras déjà mieux.
Bah pour quelqu'un qui sait pas quoi écrire, c'est sacrément long xD
Supprimerje sais pas trop quoi dire non plus, en fait (sauf que moi c'est vrai ^^'). Merci.