vendredi 27 mars 2015

Ce silence...

Je viens de lire un article sur le blog de ma grande sœur.
Je n'arrive pas à rester stoïque, je n'arrive pas à rester calme, je n'arrive pas à me dire que c'est rien. J'ai envie de vomir.
Je devrais publier cet article sur mon blog parallèle et secret où je vide mon cerveau mais je n'ai pas envie.

Elle parle de harcèlement.
Mais elle en parle pas d'un point de vue extérieur.
Non.
Elle raconte les coups qu'elle se prenait, les insultes, toute la méchanceté et la haine qu'elle s'est reçue.



Je ne l'avais jamais su.
Et je ne pense pas que qui que ce soit le sache dans ma famille.


Elle en a jamais parlé.
Je n'ai jamais su.
J'ai toujours pensé que ma grande sœur était celle des trois qui avait tiré la bonne épingle. Elle avait des amis, était bonne en cours et appréciée des profs. A côté de ma petite sœur au parcours scolaire chaotique, qui pique des crises tout le temps et qui pleure beaucoup, et de moi, la fille qui a usé des psys, qui a la peau bouffée par des cicatrices et qui a passé pour le moment plus d'années en dépression que d'année hors de la dépression, je me disais que ouais, mes parents en avait au moins fait une qui avait pas trop de problèmes.
Elle en parlait pas, elle le montrait pas, elle pleurait pas, elle quittait pas la table en hurlant, elle avait pas les bras déchirés, elle disait rien, elle souriait et elle disait rien.
Elle endurait.

J'aurais tellement aimé, à cette époque, pas être trop enfermée dans mes propres problèmes et pouvoir voir ce qui n'allait pas, et lui dire qu'elle méritait pas tout ça, qu'elle l'avait jamais mérité, peu importe qui elle choisissait d'aimer. Que personne avait le droit de lui faire ça, de la frapper, de la blesser, de la détruire, et qu'elle avait le droit d'appeler à l'aide.
Qu'elle avait pas à subir sans rien dire et qu'on aurait tous été là pour elle.

6 commentaires:

  1. La pauvre. Oui, il faut en parler. Et je pense qu'il faut qu'on apprenne à nos enfants à en parler. Tellement d'enfants subissent en secret harcèlement, viol(ence)s car on n'a pas su leur dire que ce n'était pas de leur faute, que c'est gravissime et que ça ne doit plus jamais recommencer...
    Ta sœur peut largement porter plainte pour ce qu'on lui a fait, vu la gravité des faits. Insultes homophobes, coups, blessures, ce sont des actes très graves et punis par la loi . J'ai le sentiment que c'est la seule façon de mettre réellement les auteurs en face de leurs actes. Il ne faut pas minimiser ce qu'ils ont fait.
    J'espère que ta sœur va mieux et que tout ça est du passé pour elle.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faudrait aussi apprendre à nos enfants à ne pas le faire, et aux profs à réagir en cas de harcèlement, enfin ça c'est un autre débat...Mais oui avant tout il faut faire comprendre qu'on ne mérite jamais le harcèlement.
      Elle peut, mais je crois qu'elle ne le fera pas. Même si elle devrait. Mais je pense qu'elle n'a aucune envie de revoir ces gens et de repenser à cette période.
      Merci pour elle.

      Supprimer
  2. Elle n'aurait pas forcément eu une vie meilleure en en parlant. La véritable compassion, le véritable soutien, ceux qui ne s'accompagnent pas de paroles moralisatrices du genre "tais toi, y'a pire que toi dans la vie", c'est rare. Les gens n'aiment pas les dépressives ou ceux qui cherchent à évacuer leur trop plein de souffrance.
    Je lis un commentaire comme quoi le harcèlement est puni par la loi. Il y a parfois un fossé entre la loi et son application, donc si cette période est finie, autant qu'elle ne se lance pas dans une procédure longue et douloureuse. Le mieux pour elle reste un soutien certes sincère mais aussi distant, car trop de soutien ne l'aidera pas à oublier et se reconstruire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais ça existe, les gens comme ça. Et au moins elle aurait peut-être pris conscience que ce n'était pas "normal" et qu'elle ne le méritait pas.
      Je suis d'accord avec ça, autant ne pas se lancer dans une procédure du genre puisque maintenant c'est fini. Après je crois qu'elle s'est déjà un peu "réparée" vis à vis de tout ça donc je préfère pas trop "fouiller la plaie".

      Supprimer
  3. Je ne suis pas d'accord. Quand on subit des violences, la première chose à faire, c'est d'en parler. C'est le premier conseil que donnent les associations et les campagnes contre le harcèlement, etc. Ne pas rester silencieux.
    En parler, ça veut pas dire être dépressif et évacuer un trop plein de souffrance. C'est le premier pas pour se faire aider et pour stopper la situation, c'est très très important.
    (Et je n'ai pas compris ce que tu veux dire quand tu parles de soutien distant ? )

    http://www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr/wp-content/uploads/2014/01/2013_harcelement_conseils_aux_victimes_college_lycee2.pdf

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis d'accord avec toi, en parler c'est important, même si parfois il n'y a pas d'action menée derrière.

      Supprimer