C'est un article que j'hésite à écrire depuis des mois.
Parce que c'est un peu trop dur, à écrire.
Il m'est arrivé souvent au cours de ma vie de me sentir en décalage avec les gens qui m'entouraient. Que je sois trop étrange, trop timide, trop introvertie et malhabile à propos de tout ce qui touche au contact humain a dû un peu jouer. Probablement.
Il est encore relativement facile de se sentir en décalage avec des personnes que l'on n'estime pas. Parce que ce n'est pas important, ce que pensent les gens pour qui on n'éprouve aucune affection - même si ça donne un sentiment d'étrangeté. Un sentiment de "mais qu'est-ce que je fous là ? Est-ce que je suis vraiment comme tous ces gens qui m'entourent ? Où c'est ma place ?". C'est douloureux. C'est pas forcément facile si autour de nous on a pas quelques personnes pour nous expliquer que la différence n'est pas une tare, que le rejet c'est pas grave. Qu'être bizarre, ce n'est pas un défaut. C'est quelque chose en nous qui est comme ça, au même titre que des cheveux blonds ou un nez en trompette.
Une fois qu'on a compris ça on se sent mieux.
Beaucoup mieux.
Mais on se demande : "pourquoi est-ce qu'il n'y en a pas d'autres comme moi ?".
La vérité, c'est qu'il y en a d'autres, mais qu'on ne les a pas trouvé. Pas encore.
Souvent ça vient plus tard. Quand les séparations se font.
Par exemple au lycée.
Au lycée je me suis retrouvée en première littéraire, parce que forcément toute cette exclusion m'avait amenée à me réfugier dans les livres et que je ne me voyais pas choisir des études qui correspondaient à ce qu'on attendait de moi, l'élève à bonnes notes.
J'avais énormément d'espoir. Je me retrouvais avec des comme moi. Du moins je l'ai cru. J'ai assez vite déchanté, il m'allait être impossible de nouer un lien fort avec la plupart des personnes de ma classe. Mais j'ai noué des liens plus sincères que tous ceux noués jusqu'alors.
Pour la première fois de ma vie le décalage s'estompait.
Bien sûr il y avait des compromis à faire. Bien sûr il fallait accepter de ne pas être toujours pleinement moi-même, de ne pas l'être souvent même, mais c'était pas grave parce qu'on me comprenait un peu. Il y avait bien quelques divergences mais ça ne me semblait tellement pas important.
Vers la fin de ma terminale je m'étais découvert quelques semblables. C'est très important comme terme, semblable. ça impliquait des gens qui ne m'étaient pas hermétiques et qui ne me faisait pas me sentir étrange.
Y'en avait pas beaucoup mais ils étaient là et ça me rendait heureuse.
Et puis, la fac.
J'adore mes études.
J'adore vraiment mes études. Je veux dire, je passe mes journées à étudier la littérature. Est-ce qu'on peut trouver quelque chose de mieux à faire ?
Non, hein, on est d'accord.
Donc j'ai commencé à travailler plus que ce que j'avais fait avant. Beaucoup, en fait. Et puis j'ai arrêté de fumer, de boire, d'aller en soirée. Parce que ça ne m'aidait pas à me rapprocher de mes rêves - pas du tout, même. Et c'était devenu plus important, d'écrire et de travailler que de m'amuser.
Du coup quand je voyais ceux qui avaient été mes amis les plus proches, je n'arrivais plus à les comprendre.
Les soirées, l'alcool, la drogue, je ne comprenais plus.
J'avais vécu ça, mais je ne comprenais plus.
J'avais l'impression d'un fossé creusé entre moi et les autres. Je connaissais bien cette impression mais je n'aurais jamais imaginé qu'un fossé se creuse entre moi et eux.
J'ai eu mal. J'ai pleuré. J'ai beaucoup pleuré.
J'ai écris encore plus, travaillé encore plus, suis sortie encore moins.
Je ne comprenais pas ces gens autour de moi.
Peu à peu j'ai appris à vivre avec une cellule amicale extrêmement réduite. J'avais le Fou, Remucer (qui vit à des centaines de kilomètre de moi et bien que ça ne me pose pas de problème la plupart du temps parfois ça me pèse), et un peu de gens qui me parlaient à la fac mais que je fuyais parce qu'eux aussi me renvoyaient un peu de sentiment d'étrangeté et je ne supportais plus de me sentir comme la fille bizarre.
J'ai commencé à cultiver ma solitude. Puisque j'étais amenée à passer autant de temps avec moi-même, autant rendre ça enrichissant.
Et finalement je me sens mieux. Avoir appris à être seule, et à me couper des gens quand ceux-ci avec un impact négatif sur moi (oui te faire te sentir comme une alien c'est un impact négatif, quand bien même ce n'est ni conscient ni volontaire de la part des autres).
Alors.
A toi, qui te sent peut-être en décalage avec les gens.
A toi, qui t'est senti en décalage.
A toi, qui te sentira en décalage.
C'est pas grave.
Apprend à vivre seul avec toi-même, trouve quelque chose qui te donne envie de vivre, si tu trouves des gens qui te comprennent donne ton maximum pour préserver ses amitiés, et surtout, surtout, retient ça.
Tu n'es pas bizarre.
Et tu n'es pas non plus quelqu'un de mauvais et de pas aimable.
Tu n'es pas un freak, tu n'as pas à faire des efforts pour qu'on t'accepte mieux, tu n'as pas à changer pour pouvoir vivre plus facilement. On ne vit pas plus facilement quand on nie son identité pour s'intégrer, on vit moins.
C'est pas grave, de vivre dans un autre monde que les autres gens, tant que tu arrives à y vivre bien.
C'est ça l'important.
Il est encore relativement facile de se sentir en décalage avec des personnes que l'on n'estime pas. Parce que ce n'est pas important, ce que pensent les gens pour qui on n'éprouve aucune affection - même si ça donne un sentiment d'étrangeté. Un sentiment de "mais qu'est-ce que je fous là ? Est-ce que je suis vraiment comme tous ces gens qui m'entourent ? Où c'est ma place ?". C'est douloureux. C'est pas forcément facile si autour de nous on a pas quelques personnes pour nous expliquer que la différence n'est pas une tare, que le rejet c'est pas grave. Qu'être bizarre, ce n'est pas un défaut. C'est quelque chose en nous qui est comme ça, au même titre que des cheveux blonds ou un nez en trompette.
Une fois qu'on a compris ça on se sent mieux.
Beaucoup mieux.
Mais on se demande : "pourquoi est-ce qu'il n'y en a pas d'autres comme moi ?".
La vérité, c'est qu'il y en a d'autres, mais qu'on ne les a pas trouvé. Pas encore.
Souvent ça vient plus tard. Quand les séparations se font.
Par exemple au lycée.
Au lycée je me suis retrouvée en première littéraire, parce que forcément toute cette exclusion m'avait amenée à me réfugier dans les livres et que je ne me voyais pas choisir des études qui correspondaient à ce qu'on attendait de moi, l'élève à bonnes notes.
J'avais énormément d'espoir. Je me retrouvais avec des comme moi. Du moins je l'ai cru. J'ai assez vite déchanté, il m'allait être impossible de nouer un lien fort avec la plupart des personnes de ma classe. Mais j'ai noué des liens plus sincères que tous ceux noués jusqu'alors.
Pour la première fois de ma vie le décalage s'estompait.
Bien sûr il y avait des compromis à faire. Bien sûr il fallait accepter de ne pas être toujours pleinement moi-même, de ne pas l'être souvent même, mais c'était pas grave parce qu'on me comprenait un peu. Il y avait bien quelques divergences mais ça ne me semblait tellement pas important.
Vers la fin de ma terminale je m'étais découvert quelques semblables. C'est très important comme terme, semblable. ça impliquait des gens qui ne m'étaient pas hermétiques et qui ne me faisait pas me sentir étrange.
Y'en avait pas beaucoup mais ils étaient là et ça me rendait heureuse.
Et puis, la fac.
J'adore mes études.
J'adore vraiment mes études. Je veux dire, je passe mes journées à étudier la littérature. Est-ce qu'on peut trouver quelque chose de mieux à faire ?
Non, hein, on est d'accord.
Donc j'ai commencé à travailler plus que ce que j'avais fait avant. Beaucoup, en fait. Et puis j'ai arrêté de fumer, de boire, d'aller en soirée. Parce que ça ne m'aidait pas à me rapprocher de mes rêves - pas du tout, même. Et c'était devenu plus important, d'écrire et de travailler que de m'amuser.
Du coup quand je voyais ceux qui avaient été mes amis les plus proches, je n'arrivais plus à les comprendre.
Les soirées, l'alcool, la drogue, je ne comprenais plus.
J'avais vécu ça, mais je ne comprenais plus.
J'avais l'impression d'un fossé creusé entre moi et les autres. Je connaissais bien cette impression mais je n'aurais jamais imaginé qu'un fossé se creuse entre moi et eux.
J'ai eu mal. J'ai pleuré. J'ai beaucoup pleuré.
J'ai écris encore plus, travaillé encore plus, suis sortie encore moins.
Je ne comprenais pas ces gens autour de moi.
Peu à peu j'ai appris à vivre avec une cellule amicale extrêmement réduite. J'avais le Fou, Remucer (qui vit à des centaines de kilomètre de moi et bien que ça ne me pose pas de problème la plupart du temps parfois ça me pèse), et un peu de gens qui me parlaient à la fac mais que je fuyais parce qu'eux aussi me renvoyaient un peu de sentiment d'étrangeté et je ne supportais plus de me sentir comme la fille bizarre.
J'ai commencé à cultiver ma solitude. Puisque j'étais amenée à passer autant de temps avec moi-même, autant rendre ça enrichissant.
Et finalement je me sens mieux. Avoir appris à être seule, et à me couper des gens quand ceux-ci avec un impact négatif sur moi (oui te faire te sentir comme une alien c'est un impact négatif, quand bien même ce n'est ni conscient ni volontaire de la part des autres).
Alors.
A toi, qui te sent peut-être en décalage avec les gens.
A toi, qui t'est senti en décalage.
A toi, qui te sentira en décalage.
C'est pas grave.
Apprend à vivre seul avec toi-même, trouve quelque chose qui te donne envie de vivre, si tu trouves des gens qui te comprennent donne ton maximum pour préserver ses amitiés, et surtout, surtout, retient ça.
Tu n'es pas bizarre.
Et tu n'es pas non plus quelqu'un de mauvais et de pas aimable.
Tu n'es pas un freak, tu n'as pas à faire des efforts pour qu'on t'accepte mieux, tu n'as pas à changer pour pouvoir vivre plus facilement. On ne vit pas plus facilement quand on nie son identité pour s'intégrer, on vit moins.
C'est pas grave, de vivre dans un autre monde que les autres gens, tant que tu arrives à y vivre bien.
C'est ça l'important.
Je passais aussi pour la fille bizarre car je sortais pas, buvais pas...mon énergie allait à mes études, que j'avais envie de faire et surtout...de réussir! Et je ne sors pas plus et ne suis pas malheureuse pour autant. J'ai appris a vivre avec moi même ^^
RépondreSupprimerC'est plutôt une bonne chose =)
SupprimerArf je ne connais que trop, c'est pénible de se sentir seule au milieu de gens, qui eux, interconnectent ensemble. Mais bon dans ces cas là je me pose et j'ai tellement de chose à penser que je me fais la discussion toute seule dans ma tête *non ne me ramenez pas chez les fouuuuus*.
RépondreSupprimerEt j'ai aussi eu ce truc, d'arrêter les soirées débridées et c'est vrai que j'ai perdu une partie de connaissances ainsi, et que je me sens en total décalage avec mes colocataires qui font souvent la fête, je passe pour la mamy rabougrie car en plus je râle sur l'état pas très nette dans lequel ils laissent la maison!
Mais là où j'ai de la chance c'est qu'à la fac je suis tombée sur des gens qui sont comme moi de ce côté là, mais ça n'empêche pas que par moment il y a aussi ce décalage, mais que je mets sur le dos de l'hôpital aussi, c'est pas évident de revenir après 6 mois et demi et de retrouver sa place telle qu'on l'avait laissée!
Enfin soit, dis toi que tu n'es pas seule à ressentir ça, que ça fait de nous des êtres exclusifs, et il faut en être fières!
Merci pour cet article qui est vraiment très chouettes!
Des bises!
Bah, c'est normal de discuter tout seul dans sa tête, nan ? *te rejoint chez les fous*
SupprimerHeureusement que j'ai pas de coloc fêtard...Je sais pas comment tu fais x)
Oui, c'est vrai que le retour après 6 mois doit être un peu bizarre. Mais après s'il y a des moments sans décalage, c'est super cool aussi =)
Tu as raison, mieux vaut en être fière (ou fier, hein) ^^
Merci à toi pour ton commentaire =)
Je t'aime tellement d'avoir écrit cet article ^^ (même si ça me fait l'effet de t'avoir répété ça des milliers de fois, d'avoir abandonné (d'ailleurs j'aurais pas dû abandonner m'enfin), et que tu arrives naturellement à la même conclusion ; ça a un côté frustrant mais on s'en fout : tu es de plus en plus heureuse (durablement, j'entends, c'est indépendant des aléas contingents comme tes partiels par exemple), et ça, c'est génial ^^)
RépondreSupprimer(Non mais concrètement si j'ai fini par arriver à cette conclusion c'est grâce à toi, hein ^^ (du coup j'ai l'impression d'être une grosse débile à qui il faut expliquer 250 fois les choses avant qu'elle capte et puis qui comprend toute seule une fois qu'on a renoncé m'enfin ^^).)(<3)
Supprimer(Oh c'est vrai ? ^_^ (Mais non. C'est normal ça <3))
Supprimer(Bawi ^^ (mais non...u_u'))
Supprimer(Oh ^^ (mais si évidemment ^^))
RépondreSupprimerJe me reconnais aussi dans cet article, ais bon à partir du moment où tu accepte qu'il y ait des différences entre les gens ça se passe mieux je trouve. Mais bon après il y a aussi l'entourage qui te pousse à te sociabiliser et qui te fiche la pression, et ça c'est plus dur à gérer ! Merci pour cet article :)
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire =)
SupprimerCet article et cool... entre gens bizarres, je crois qu'on se comprend au moins pour ce sentiment de bizarrerie.
RépondreSupprimerMais bon, personnellement, je n'arrive toujours pas à être comme ça. Parce que évidemment que je sens un décalage avec mes amis, mais en fait ce décalage ne me dérange pas tant que ça, parce que je les aime, et on a de bons délires. Et euh. Ils me manquent.
Bref.
Bel article.
Paillettes.
Je crois aussi oui.
SupprimerA être comment ?
Merci.
Paillettes =D