lundi 18 avril 2016

A la ramasse

Je suis lente.
Lente-hyperactive qui tient mal en place.
Mais lente.
A l'école primaire quand on apprenait à écrire, à colorier, à courir en rond, j'étais la dernière. La dernière à terminer la phrase, la dernière à colorier, la dernière à arriver (je crois. Je ne cours pas vite. Je n'ai jamais couru vite. Ni très longtemps. Mon corps n'est pas fait pour courir).
Je suis lente. A 19 ans je n'envisage toujours pas de passer mon permis. Je n'ai jamais travaillé sauf pour donner des cours de soutien quand j'étais au lycée. Je suis encore très dépendante de mes parents et de mon copain pour toute la paperasse.

Bref.
Je suis lente.
Et j'aime la lenteur. Et qu'on me laisse du temps.

Je vais t'avouer un truc que je t'ai déjà dit.
J'ai refusé d'aller en prépa de tout mon corps alors qu'on m'y poussait et que moi-même je m'y poussais (les tca la perfection tout ça tout ça) et que j'ai été acceptée.
Et souvent je regrette.
Et je me sens nulle et inférieure quand je dis fac de lettres. Alors que je pourrais dire "prépa lettres" et tout de suite je serais moins la hippie punk avec ses tatouages et ses vêtements jamais comme il faut qui doit sûrement passer sa vie à boire et à fumer et à aller en soirée (aha. Nope.). Tout de suite je serais comme il faut et j'aurais fait le parcours attendu.
Je n'ai pas fait ça.
J'ai fais une première année de licence de lettres qui s'est moyennement bien déroulée (j'ai terminé en miettes et tout ça pour avoir mon année avec à peine plus de douze) et une seconde qui est en passe de se dérouler mieux (j'ai eu 15 de moyenne au premier semestre et moins de miettes). Mais j'ai mis un an avant de dépasser ce blocage qui m'empêchait de parler, de m'exprimer, de penser, d'écrire.
Les dissertations je ne pouvais plus.
Tu comprends on m'avait raturé une page entière.
C'est comme si on m'avait raturée dans ma tête.
Comme si le clou qu'on avait commencé à me planter avait fini par être enfoncé d'un grand coup de marteau.
"TERNE".
Alors je ne pouvais plus.
Je n'avais plus le droit de parler.
Il m'a fallu reconquérir mon droit de penser, toute seule, sur le bureau du Fou, un week-end, avec Neruda, Stein et Ponge, et radio-classique. Et des larmes. Des litres de larmes à chaque paragraphe. Parce que j'y arrivais enfin. Parce que je n'étais pas mauvaise. Parce que je n'étais pas terne. Parce qu'il n'y avait ni vrai, ni faux. Simplement une pensée en construction. Et que j'avais le droit de construire et de ne pas construire la Sagrada Familia du premier coup.
Et j'ai fais taire la voix de cette prof dans ma tête. Et les voix des autres avant. A coup de lettres sur mon clavier. Elles n'avaient plus le droit de parler. Elles n'avaient plus le droit de parler puisqu'il y en avait d'autres, des plus importants qu'elle, qui m'avaient validée.
Puisqu'il y avait moi qui me validait.
Enfin.

J'ai pris mon temps.
Enfin j'arrive à penser que je peux y arriver.

Coucou bestiole.
Merci d'être là.

5 commentaires:

  1. Coucou 'Tite Fée.
    Souvent je me sens coupable quand je passe sur ton blog, et après je me rappelle qu'un blog c'est fait pour être lu.
    Par acquis de conscience, je vais partager un peu sur moi aussi.
    Moi, quand il a fallu choisir où aller, mon choix était déjà fait. Je n'ai pas hésité un quart de seconde. Tu sais pourquoi ? Parce que dans ma tête, l'idée de réussir la prépa n'avait même jamais éclot. On ne m'a pas dit "Tu pourras jamais y arriver", on ne m'a juste jamais dit que je pouvais. Que ce soient ma famille, mes profs ou mes copains, on m'a juste dit "fais ce que tu veux", sans jamais pointer du doigt ce que je faisais de bien. Ma filière, je l'ai choisi parce que c'est une voie où personne autour de moi ne voulait aller, du coup ça me donnait l'impression de pouvoir réussir.
    Aujourd'hui, je finis ma deuxième année de licence, et je n'ai jamais cessé de fuir la direction que le reste du monde prenait, par peur qu'on me dise que je n'ai pas ma place là où je suis.
    Je comprend très exactement ton sentiment quand on te balance des critiques sur ce que tu fais, sans jamais voir tout ce que tu as accompli. Mais je suis heureuse de voir qu'il a quelqu'un quelque part qui reconnaisse ton talent. Ca me donne l'espoir que quelqu'un en fera autant pour moi.
    Sur ce fait, j’arrête de parler de ma vie ^^
    Zoubi

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    1. Mais tu sais Co, si je t'ai donné l'adresse, c'est que c'est pas des choses que j'ai envie de te cacher (je suis consciente de mes lecteurs quand j'écris ce que j'écris ^^). ça me fait plaisir que tu viennes lire et que ça permette ce genre d'échange.
      C'est drôle parce qu'on a un peu le même genre de parcours...
      Et tu sais, c'est pas le genre de choses qu'on se dit mais j'admire beaucoup qui tu es. Et ton talent pour le dessin.
      (Mais paaaaarle de ta viiiiie j'aaaiiime çaaaaa)
      Zoubi

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    2. Vouiiii je vais continuer à parler de ma vie avec toi !!! <3
      Bon sinon je n'ai pas des choses à dire sur tout (Dieu m'en garde, je ne me tairais plus après! ><)mais c'est vrai que j’apprécie ces petits moments de partages entre toi et moi.
      C'est vrai que c'est des choses bizarres à dire, mais comme ça me fait plaisir, on s'en fout. Moi j'adore ta personnalité, je trouve que tu es intelligente, que tu as une vision des choses fascinante (c'est la raison pour laquelle je traine sur ce blog deux trois fois par semaine après tout),j'admire aussi beaucoup ta passion pour la littérature et aussi le fait que tu fasses toujours attention aux autres, mine de rien.
      Au passage, merci encore de m'avoir motivé pour cette foutue dissertation. Je l'ai fini : Hurray ! (et rendue surtout ^^)
      Bonnes vacances BTW, je crois pas te l'avoir dit avant ^^
      Co.

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  2. 2coute ma belle, je ne suis pas la plus rapide non plus, j'aime avoir mon rythme et j'ai horreur qu'on me presse. Mes profs étaient unanimes, j'étais lente... mais d'après plusieurs d'entre eux, ça en valait la peine parce que mon travail est de qualité.

    Au boulot c'est différent quand je dois me presser, je le fait. Mais j'ai l'impression de négliger le patient. Et eux le savent, je ne suis pas la plus rapide des aide soignantes mais rares sont ceux qui me reproche quelques choses (parfois un oubli et c'est dit avec humour en plus!) et beaucoup sont les gens quio préfère quelqu'un un peu plus tards mais qui fait bien son travail, avec le sourire et avec humour.

    Dit, ceci est un HS mais je revend mes pots de colo bleues, ça t'intéresse? (j'ai aussi du violet, du cerise et du plum)

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    1. Surtout que je suis pas du tout lente dans l'apprentissage, je suis juste lente dans...l'évolution psychologique. (mais c'est vrai que si je veux faire bien je fais lent. Et la lenteur c'est bien).

      Je comprends ça, et c'est vrai que si un jour je devais avoir une aide soignante je préférerais quelqu'un qui est pas pile à l'heure mais qui fait bien son boulot et avec le sourire (mais franchement tu as l'air excellente dans ton travail).

      Ha pourquoi pas oui (et le violet/plum et tout aussi, ça me tente bien ^^), on peut en discuter par mail si tu veux ?

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