jeudi 26 janvier 2017

La représentation toxique des anorexiques

[TW TCA pour tout l'article]

Donc comme à chaque fois que je dois commander des livres pour les cours du semestre, j'en commande quelques-uns que j'ai vraiment envie de lire. J'ai beaucoup hésité avant d'acheter Piégée. Je me connais et je sais à quel point je suis encore sensible aux triggers (alors oui c'est un anglicisme mais un anglicisme nécessaire, j'ai même pas trouvé de périphrase efficace). Mais ça faisait presque six ans que j'avais entendu parler de ce livre pour la première fois (quand je lisais énormément de blogs sur l'anorexie) et six ans après si je ne suis toujours pas parfaitement guérie je suis quand même plus solide.
Bon, j'étais moins solide que ce que je croyais.



Ce n'est pas un livre qui peut laisser intact, surtout pas quand on a souffert de TCA à un moment (d'ailleurs si vous êtes toujours très malade évitez de le lire c'est pas franchement bon pour vous).
Donc Piégée, c'est l'histoire de Marya qui tombe dans la boulimie à 9 ans puis dans l'anorexie un peu plus tard. C'est un livre dur à lire (mais pas si dur que lire du Wilk même si ça ne parle à personne puisque c'est polonais). Elle parle de la haine de soi d'une façon que j'ai trouvé absolument juste, de l'envie d'aller au-delà de mourir mais de se tuer parce qu'on ne sait pas vraiment comment vivre et qu'on se hait de façon profonde et extrême. D'en arriver à la torture. Et de la force de l'habitude, aussi. Elle se construit en se détruisant donc c'est le seul moyen qu'elle a de vivre donc la rechute est toujours inévitable.
Bref.
Je sais pas comment vous raconter son histoire.

Elle parle bien d'anorexie (pour la boulimie je n'en sais rien j'ai jamais été franchement boulimique. Je mangeais parce que j'avais faim. C'était aussi con que ça). Enfin je trouve qu'elle parle bien d'anorexie, d'à quel point ça ne vient pas nécessairement de la relation avec les parents, de la culture et de l'entourage mais d'abord de l'intérieur de soi (après ça, ça pose des questions de détermination mais je vous laisse envahir les commentaires si vous avec des trucs à dire sur la détermination des êtres). Mais aussi de comment la société est toxique à ce niveau.
Je crois que j'ai rien à développer sur ça, il y a un matraquage absolu au niveau de la minceur, du régime normalisé, de la glorification du contrôle...

Et je voulais revenir sur un point parce que c'est en lien.
Quand on représente des anorexiques c'est toujours de façon séduisante et mystérieuse. Déjà l'anorexique est toujours maigre, dangereusement maigre : l'anorexie ça se voit. L'anorexique c'est une sorte de personnage tragique qui s'auto-persécute jusqu'à la mort.
C'est dangereux l'imaginaire des anorexiques.
Parce que l'imaginaire ça va jusqu'à pénétrer les discours scientifiques. Freud a fait de sacré dégâts déjà (pour changer)(Tonton Sigmund il aurait mieux fait de garder sa psychanalyse pour lui tout seul, hein) avec l'idée que l'anorexie vient d'une mère surprotectrice et d'un père trop absent et que pour soigner les malades il faut les sortir de leur cercle familial (indice : non). Mais les récits, les fictions sur l'anorexie, et tout ce dont se nourrit notre imaginaire n'ont pas aidés.
On représente pratiquement toujours dans la littérature médicale l'anorexique comme une fille, adolescente, blanche classe supérieure, qui cherche à devenir parfaite, qui a d'excellentes notes, qui fait énormément de sport, qui est extrêmement intelligente...Qui est pure.

Les anorexiques selon les médecins : douces, belles, iréelles et torturées (bon là elle est pas assez maigre)
(mais j'aimais bien la photo)

Quand je lisais la littérature médicale sur l'anorexie - c'était avant de devenir anorexique (pour de vrai, pas juste en mode j'ai un comportement alimentaire étrange depuis toujours) - ça faisait son chemin en moi, les anorexiques avaient une sorte d'aura magique, elles étaient tout ce que je voulais être : parfaites, pures, intelligentes, extrêmement fortes, minces, et sans estime d'elles-mêmes (j'ai toujours méprisé les gens qui s'aimaient parce que j'ai toujours trouvé que c'était être faible de s'aimer, que ça ouvrait la porte à la paresse et à la complaisance. Aujourd'hui je trouve que c'est un acte politique fort).

Ce que je veux dire c'est qu'on dresse un portrait extrêmement séduisant des anorexiques, mais aussi très restrictif (déjà à cause des critères de diagnostiques qui se basent sur l'IMC, l’aménorrhée et l'amaigrissement, bref à anorexie mentale on a des critères de diagnostique uniquement physique, le monde médical tu marches sur la tête). Et ça n'aide pas quand on est malade parce que quand on te vend l'anorexie comme une quête de perfection, quel sens ça aurait d'arrêter la quête ? Quoi, on va mourir, oui mais p.e.r.f.e.c.t.i.o.n.

"Si tu est anorexique tu es forcément un squelette"
(comment ça je m'acharne sur le monsieur d'Inktober)
(oui) (tu es artiste tu as une responsabilité)

C'est pervers parce qu'on en vient à gommer sa personnalité pour devenir une bonne anorexique (si on est comme moi une adolescente hautement influençable et sans aucune notion de son identité (et à des milliers de kilomètres de se douter que y'a pas besoin d'être anorexique pour valoir quelque chose)). On se dit "si des filles parviennent à ne rien manger, à avoir d'excellentes notes et à faire énormément de sport, pourquoi pas moi ?" et on essaye. Et on se bousille les articulations à courir parce que "les autres anorexiques le font alors ça doit marcher pour être maigre", et on devient phobique scolaire à force d'exiger un travail au-dessus de ses capacités, et on redevient pas tout à fait soi-même en retrouvant la raison.
Mais si je dis ça c'est parce que j'ai voulu devenir anorexique. J'avais déjà un rapport fucked up à l'alimentation et à mon corps mais je voulais devenir anorexique parce que pour moi c'était la perfection. Parce qu'on me le représentait comme la perfection.
Alors que j'ai été anorexique et j'étais misérable. A des années lumières de l'anorexique parfaite.
Je voudrais qu'on le dise, ça.
Que l'anorexie c'est une grosse souffrance qui vous coupe des autres, de vous-mêmes, qui vous empêche d'atteindre vos objectifs parce que quand vous mangez une tomate par jour vous n'avez l'énergie de rien, qui vous fait mourir.
Ce n'est pas glamour, ce n'est pas désirable, ce n'est absolument pas être parfait. C'est être malade.
Il faut déconstruire l'imaginaire des TCA. Et ça ne passe pas seulement par montrer des vrais corps.
ça passe aussi par montrer des vrais malades.

mercredi 25 janvier 2017

Comme dirait Louis XVI

Je sais même pas trop de quoi je pourrais vous parler.
J'ai plus d'idées ça fait deux milles ans que je suis pas venue ici et que j'ai pas écris de trucs. J'ai eu des idées, elles sont parties.
Je suis en stage dans mon ancien lycée, c'est ultra enrichissant, j'ai mes deux anciens profs avec qui j'ai fais du théâtre en tuteurs, j'ai donné mon tout premier cours de ma vie à des secondes, avec du Rimbaud (Le Forgeron), ils s'en sortaient bien c'était la joie, je ne sais pas écrire au tableau avec un feutre mais c'est pas grave. Je passe plein de temps avec mon prof de première, qui ne me laisse jamais intervenir dans ses cours mais à qui je vole la parole pour préciser des trucs, c'est bizarre de voir que maintenant je ne suis plus d'accord avec tout (pas forcément), on parle beaucoup de livres et de trucs comme ça, de gens et de l'existence, et de trucs futiles parce qu'on aime bien être bien habillés tous les deux.

Je sais pas quoi dire.

J'ai un gros coup de cœur sur une lecture du Bateau Ivre, je l'écoute tous les jours.

J'ai remarqué, au fil des cours, que l'émotion extrême est toujours risible. En tout cas dès qu'il y a des choses qui demandent de l'engagement émotionnel, c'est refusé par le rire.
Du coup je m'interroge sur l'utilité d'utiliser l'humour pour sensibiliser à une cause.

J'ai retrouvé ma curiosité. Mais tout est trop vaste pour les gens curieux.
Je suis Montesquieu. Tout m'intéresse, tout m'étonne.

De quoi je vous parle.
De quoi je te parle.
Je ne sais pas vraiment encore.
Mais j'avais besoin de dépoussiérer avant de revenir avec un article qui fonctionne bien.

Je réfléchirais à ça à tête reposée, comme dirait l'autre.
N'est-ce pas.

mardi 3 janvier 2017

Qu'as-tu fais de tes 365 (+1) jours ?


Bonjour lecteurice !
D'habitude je suis ultra à l'heure pour les bilans de l'année + les objectifs mais j'étais chez mes parents pour les vacances et il a fallu faire beaucoup de social et tout et j'étais morte. Ou du moins, absolument pas en état d'envoyer des bonnes vibrations (et je sais pas toi mais j'aime pas mettre du mauvais-triste dans mes bilans). Donc là, me voici de retour dans mon appartement grenoblois avec le Fou, le silence, la solitude entière, et ma routine du matin.
Je pourrais t'écrire tout un article sur ma routine du matin mais en fait ça consiste en une chose : m'enrouler dans un plaid et boire du thé et prendre le temps de me réveiller à deux à l'heure. J'aime bien avoir deux heures pour moi avant de commencer la vraie journée intense où on court partout et où on fait des choses.

Pologne, parc Kampinoski - août 2016

Donc 2016, tu as été une année pourrie sur bien des aspects, mais comme toutes les années que j'ai vécue jusque-là, donc on va dire que je t'aime bien quand même. Parce que je sais pas pour toi lecteurice mais pour moi ça a surtout été une année très intense, avec beaucoup de moments violents et tristes (que ce soit avec l'actualité ou juste dans ma petite vie à moi), énormément de stress à cause des cours (mais ça c'est pas prêt de s'arrêter), mais aussi des moments magiques plus ou moins fous.
J'ai pas envie de revenir sur le blues qui m'a traversé toute l'année, du coup je vais te faire une liste des trucs chouettes qui sont arrivés en 2016.

En premier : j'ai terminé le Nanowrimo (wi) pour la deuxième fois, et avec quatre jours d'avance. Et j'ai re-terminé d'écrire mon livre, qu'il faut que je me remette à corriger. ça reste ma plus grande fierté de 2016, avoir fini ce livre dans une version un poil plus potable que la première.

Tout a commencé sur un crappy carnet donc les pages se barrait et où j'écrivais minuscule.
Je viens de loin punaise - mai 2016

Aussi, avant les vacances d'été, avoir madame APC qui me dit que je peux tout à fait tenter les choses du style passer l'agrégation et autre. Et ça m'avait tellement remis du courage et il faut que je me rappelle de ça quand je me reprendrais des mauvaises choses dans la tête, que je peux et que même si je trouve pas le moyen de concrétiser mon envie de faire de la recherche ça reste en moi, cette capacit. Et que je suis tout à fait capable de donner un cours et légitime (parce que même si je n'en sais pas autant que mes professeurs, j'en sais probablement plus que mes élèves). Oui je m'auto-donne un pep-talk mais le blog c'est un des rares endroits où je me parle gentiment - et j'ai besoin de ça.

Galway ? Irlande en tout cas - juillet 2016

Cette année j'ai fêté mes vingt ans avec une des meilleures personnes que j'ai rencontré à la fac (cœur sur toi). Je n'avais pas organisé de truc pour mon anniversaire depuis mes onze ans, j'ai passé mes deux derniers anniversaire à stresser sur du latin, il était temps que ça change. Du coup on a fait du jeu de rôle version Harry Potter dans la maison de mes parents, c'était très très drôle.

Moirans city - décembre 2016

Il y a aussi eu ça, en 2016 : les amitiés nouées avec des personnes de la licence que je ne connaissais pas trop jusque-là mais qui sont vraiment adorables. ça apporte incontestablement un gros bonus au fait d'être sur cette planète (au-delà du fait que je me sens un peu moins seule et perdue dans la promo).
Et puis l'amour amoureux. Que je n'ai pas envie de partager avec toi lecteurice parce que c'est trop petit grand secret que je sais pas l'écrire avec des mots sans l'amputer. Alors je mets ça là pour les deux concernés : je vous aime. Fort. Vous êtes un milliard de choses et vous connaître est tellement enrichissant à tous les niveaux que quand j'y pense je me dis que je suis la personne la plus chanceuse de cette planète.


Irlande, Killarney ou Killkenny, juillet 2016


Je suis partie en Pologne et je repartirai en Pologne. Parce que ça me fascine la Pologne parce que c'est tout gris, parce que je suis secrètement amoureuse du polonais (ça a les déclinaisons les plus compliquées du monde mais c'est pas grave). Et je suis retournée en Irlande et je retournerai encore en Irlande, j'espère.

Grenoble city, février 2016

Et en vrac, tous les moments passé avec la Brunette à marcher et échanger, Remucer que j'ai vu deux fois cette année (on a explosé les scores là), le jeu de rôle découvert avec mes voisins d'en-dessous, la collection de jeu de sociétés qu'on s'est constitué avec le Fou, les heures passé sur Super Mario 3D Word (toujours avec le Fou), découvrir plein de nouveaux gens de Youtube, échanger avec des nouveaux gens sur le blog (ou des pas nouveaux aussi), oser me lancer dans des trucs artistiques même si rien n'est parfait, faire du sport, avoir eu les cheveux arc-en-ciel puis galaxy puis bleu puis en mode drapeau bisexuel puis rouge, aller à des write-in pendant le Nano, passer du temps avec ma grande sœur, tester des nouveaux endroits avec le Fou (genre. Un bar à chat), prendre des photos (même si je montre qu'un micro-dixième de ce que je prends en photo) et, bref.
Je te fais une rétrospective capillaire de 2016 parce que ça a été quelque chose quand même.


Rainbow powa
Galaxy - version messy hair

Galaxy hair version coiffé-je me suis coupée une frange
(why)
(résolution de 2017 : ne plus jamais me couper une frange de ma vie)

Le plus beau bleu que j'ai jamais réussi à avoir (mais je n'ai que cette photo pour en témoigner)

La couleur la plus folle (feat mes extensions)

Y'a pas tout, mais en 2016, j'ai beaucoup détesté ma tête, donc j'ai pas pris énormément de selfies.
Bref.
J'ai regardé mes objectifs de l'an dernier, y'avait :
-Terminer de corriger le roman. On va dire que y'a eu 75% de fait.
-Tenir un journal d'objets culturels : j'ai tenu pendant un mois puis abandonné. ça ne me convient toujours pas vraiment.
-Relancer la chaîne Youtube : lol de feu.
-Faire des photos, si possible un tas de photos : ça c'est bon. Même si je pourrais progresser niveau technique/réglages/blablabla.

Je pense que je vais faire environ la même chose, c'est-à-dire mettre des objectifs pour l'année, mais uniquement pour la première moitié de l'année, puisque l'an prochain (scolaire) si tout va bien je rentre en première année de master et je n'ai strictement aucune idée de ce à quoi ma vie va ressembler (je sens bien que ça va être chaotique mais après tout pourquoi pas).

Donc :

-objectif 1 : terminer la correction du roman (bah oui hein)
-objectif 2 : faire le grand écart (oui c'est un objectif bizarre mais j'ai perdu énormément de souplesse en arrêtant la danse / la gym et en commençant à courir et à faire de la musculation, et je suis triste. J'ai su faire le grand écart et ça me paraît un objectif plus fun que "faire du sport tous les jours". En plus d'être moins compliqué à atteindre que "avoir des abdos très visibles").
-objectif 3 : continuer à pratiquer les trucs artistiques tel que le dessin et la photo (ma maman m'a acheté des pinceaux moins honteux pour faire de l'aquarelle) et faire des vidéos même si je ne les publie jamais.
-objectif 4 : continuer à améliorer mon polonais et mon anglais tranquillement (je suis devenue une bête en compréhension orale anglaise à force de youtube mais je sais plus faire des phrases).

Et c'est tout je crois, j'espère que tu as passé une bonne fin d'année 2016 et je te souhaite plein de trucs géniaux pour l'année à venir.
Paillettes sur toi ♥