Je sais pas si vous vous en souvenez mais y'a quelques mois de cela, j'ai titré un article de cette même citation d'Eleanore Roosevelt (ici), où je parlais du fait que j'en avais assez d'avoir peur, et du fait que je voulais combattre mes tocs.
Je me suis dit qu'ici et maintenant, ce serait une bonne idée de vous faire un retour sur cette expérience.
Soyons honnête, ce n'est pas un franc succès.
Je suis toujours handicapée par mon rapport à l'alimentation et ma peur de grossir. J'ai eu des périodes où je mangeais plus du tout et où je faisais clairement pas d'effort pour manger correctement, je voulais juste pas manger, devenir maigre et qu'on me foute la paix. J'ai aussi eu des périodes de stress (genre la semaine de révision) où je noyais mon stress dans la bouffe. Et actuellement, j'ai beaucoup trop de mal à manger sans culpabilité, même si mon corps réclame que j'augmente sa dose de nourriture (vu que j'ai augmenté sa dose de sport)(mais à la base, c'était pour maigrir)(maintenant, c'est parce que je suis accro).
Aussi, je voulais travailler sur mes tocs. Je suis presque contente, là. J'ai réussi à ranger ma chambre sans que ça tourne à l'obsession. D'ailleurs j'arrive à la tenir rangée sans me lever toutes les deux minutes parce que "ça c'est pas assez bien mis". Oui, je suis très fière d'avoir une chambre rangée depuis le début des vacances, en 17 ans (presque 18...haha) ça c'était jamais produit plus de trois jours.
Sinon, je suis toujours bloquée à 1min20 pour me servir du micro-onde, mais j'arrive à mettre 1min20 directement sans tripoter le bouton pendant 3h. Et j'ai toujours la même manie étrange avec ma machine à laver, mais je mets plus 20 minutes à la mettre en route. Juste 5. Mais c'est un progrès. Mais je fais toujours tourner ma fourchette sept fois avant de manger, et j'aligne toujours les choses sur la table avant de manger.
Mais sinon, mes tocs se calment. Et c'est bien.
Pour ce qui était de ma peur d'écrire...Haha.
Je suis et je reste terrifiée à chaque fois que je sors mon carnet et que je prend le stylo du roman (oui j'ai une manie, j'ai un stylo par roman, et un carnet par roman aussi (enfin deux si on compte celui sur lequel j'écris et celui sur lequel je raconte l'écriture (oui je raconte ce qui se passe dans ma tête pendant que j'écris, et alors ?))). Je suis terrifiée pendant que j'écris. J'ai peur de ne pas réussir, de ne pas être assez bien. Souvent, j'ai laissé tombé. J'ai cessé d'écrire, parfois pendant des semaines, à un moment pendant un mois ou plus. Il faut dire que le fait d'avoir une tendinite au poignet ne m'aide pas du tout sur ce coup là puisque je suis obligée de garder un rythme très léger (en comparaison de ce que j'ai pu faire à un moment), sinon ça tire et ça brûle et c'est très très désagréable (et contre-productif puisque je suis obligée d'arrêter d'écrire pendant quelques jours)). Je pleurais beaucoup, pendant que je n'écrivais plus, parce que je me sentais nulle de ne pas y arriver. Et j'y arrivais encore moins en me répétant à longueur de temps que j'étais nulle.
Au final, je me rends compte que j'ai gagné une grande victoire, de ce côté là, malgré le fait que je n'ai toujours pas terminé le premier jet de mon roman (bon, je l'ai commencé au début des vacances, donc y'a même pas deux mois, mais sachez que mes premiers jets sont toujours "dégeulasses" et remplis d'incohérences parce que je modifie les détails au fur et à mesure, donc j'espère l'avoir terminé vers la rentrée afin de pouvoir attaquer la réécriture (qui en fait, sera la véritable écriture. Mais bref)). Parce que mon envie d'écrire a dépassé ma peur d'écrire des choses nulles. Et qu'au lieu de déprimer devant les gens qui réussissent mieux que moi (enfin je déprime, certes, mais je reste pas à déprimer), je me remet deux fois plus au travail (dans la mesure du possible (pute de poignet)).
En fait, c'est vraiment vraiment cool (oui je viens de me rendre compte que j'avais fait un pas en avant énorme, je vois plus facilement mes échecs que mes réussites, merci bonsoir).
Tiphaine 1, Peur 0. (oui mon bureau est en bordel)(c'est mon milieu de vie naturel, vous comprenez) |
Sinon, j'ai fais face à beaucoup d'autres peur.
J'ai joué Gratiano devant un amphi rempli. J'ai beaucoup tremblé lors des deux premières représentations. J'ai toujours tremblé sur une scène de théâtre, surtout quand j'ai rien à faire ou rien à dire, parce que je sais pas quoi faire de mon corps. Je tremble aussi parce que je me retrouve toujours avec des rôles fous ou exubérant. Et je suis jamais exubérante, sauf quand je suis bourrée. Je suis le genre de personne à qui ontdemande presque automatiquement de répéter tellement je parle pas fort. Là, il fallait que je danse, il fallait que je crie, que je soit gratianesque, et accessoirement que je m'affiche dans le costume le plus ridicule du monde.
Le soir de la dernière, j'ai arrêté de trembler. Parce que j'avais plus peur du public. Parce que je l'emmerdais, le public, je voulais juste faire mon truc sur une scène pour la dernière fois.
Oh et j'ai passé mon bac.
Puis j'ai pris le train seule pour aller dans une ville que je ne connais pas. En m'organisant la veille. Et un peu le matin aussi. Et en y allant à moitié en co-voiturage avec une inconnue. Pour rencontrer quelqu'un pour la première fois après un an de discussion. Non vraiment, j'étais zen ce jour là. (sachant que pour aller dans la ville à vingt minutes de train de chez moi il me faut au moins trois jours de préparation mentale et que je redemande 150 fois l'heure et le lieu où on se rejoint parce que l'imprévu me fait flipper).
Et j'ai appris à demander aux gens si on pouvait se voir.
Puis je me suis mise à courir, aussi. Alors que j'ai peur de ce que les gens peuvent penser de moi quand je fais du sport (en fait y'a tout un raisonnement con qui se met en place dans ma tête).
En fait j'en ai fais des choses. Même si j'ai eu des jours où je me suis terrée sous ma couette. Des mauvais jours. Des jours de larmes où je cédais face à la peur. Parce qu'on ne peut pas toujours lutter, c'est inhumain.
J'ai toujours mes phobies. Je peux les combattre un temps, mais elles reviennent toujours, pas plus faibles.
J'ai toujours mes tocs. Un peu moins, parce que c'est les vacances. Je sais qu'ils vont revenir, se modifier, mais ils seront là.
Il y a toujours des choses que je n'ose pas faire.
Je sais pas si j'y arriverai, je sais pas si j'aurai la force de toujours essayer pour me ramasser lamentablement.
Je sais pas si on peut combattre la peur. Même quand je fais quelque chose qui me fait peur, j'ai toujours peur après si je dois le refaire, même si je sais que je peux le faire. La peur, elle reste.
On s'y fait.