lundi 23 mai 2016

Développement personnel, amour de soi et positivisme : la distance de sécurité

Quand il y a eu cette grande vague du développement personnel je me suis un peu intéressée au mouvement. Tout ce qui touche à la psychologie m'intéresse (à force qu'on essaye d'appliquer ça à mon cerveau, je me suis plongée dans Freud, Lacan et tout ces trucs), alors pourquoi pas le développement personnel (c'était vachement moins indigeste à lire que l'introduction à la psychanalyse de tonton Sigmund).

Et ça m'a aidée au début. A prendre conscience que je pouvais initier le mouvement de la guérison et pas seulement attendre de me retrouver dans un contexte moins difficile pour aller bien. A prendre conscience que si je voulais avoir la vie dont je rêve (aka faire de l'art, aider les gens, sauver le monde et faire encore un peu d'art), il fallait que je commence à la construire maintenant et pas attendre que d'un coup par miracle tout aille mieux et que j'arrive à me mettre à écrire.
Du coup on en était là, je faisais beaucoup de sport, j'écrivais tous les jours, j'étais productive, je mangeais healthy, je faisais du yoga et j'attendais juste le bonheur qui devait venir après ça.

Et les citations positives de Pinterest c'était devenu ma religion. Aussi.


Sauf qu'en fait le bonheur n'est pas venu après ça.
Après ça, j'ai continué à faire du sport, en excès, j'ai commencé à restreindre mon alimentation de plus en plus parce que "c'était plus sain", et puis un beau jour je me suis rendue compte que je m'étais enfoncée plus profondément dans ma dépression.
Et que peu importe à quel point j'essayais d'en sortir en faisant tous ces trucs qui me promettaient une vie meilleure ça n'allait pas.
En fait ça allait même moins bien parce que je me mettais une pression de malade pour aller bien et que fatalement en voyant que je n'y arrivais pas alors que tant de gens y arrivaient et que ça avait l'air si facile, je me sentais nulle. Vraiment, vraiment nulle.

Récemment, je suis tombée sur un compte twitter, Quotidien maladif, qui a fait un thread sur les comptes "posi" sur internet. Tu sais, tous les gens sur tumblr ou pinterest qui te crient d'aller courir dehors tous les matins et de remercier l'univers et de t'aimer parce que c'est très important de s'aimer (spoiler alert : oui, c'est très important de s'aimer...mais c'est compliqué) et de t'asseoir dans un parc et d'enjoy la nature (tss, mais aussi tu fais pas d'effort, agoraphobe de mes deux)(ok, je caricature et je suis ironique et c'est pas bien).
Et c'est vrai que c'est une excellente chose d'encourager les gens à s'aimer et c'est très bien et probablement que si on avait pas initié ça en moi j'en serais toujours à me couper et à me faire vomir et à ne pas voir du tout en quoi c'était un problème.

Mais juste.
Si tu fais une dépression ou que tu as une maladie mentale qui te handicape à quelque degré que ce soit et t'empêche d'être heureux (genre si tu souffres d'anxiété généralisée, de phobie sociale, de schizophrénie, de TOC, de TCA, ou de n'importe quoi d'autre) et que tu vas lire des articles qui t'expliquent comment atteindre le bonheur et qui t'ordonnent de te bouger les fesses pour aller mieux, garde tes distances.
Toutes ces publications ne s'adressent pas à des gens comme toi mais à des gens valides. Et c'est fichtrement important de se rappeler de ça. Personne n'est à ta place et personne ne connaît tes limites.
Les encouragements à être heureux et autres "10 conseils pour enfin atteindre le bonheur", ça peut se révéler dangereux pour les personnes qui souffrent d'une maladie mentale (by the way, il faut arrêter d'avoir peur de ce mot, on peut avoir une maladie mentale et être quelqu'un de parfaitement aimable et fréquentable, merci bonsoir). Vraiment dangereux. Parce qu'en général ces personnes sont fragiles. Et peuvent prendre à peu près n'importe quelle arme pour se détruire un peu plus. C'est pas comme si on manquait d'injonctions à aller bien dans la société (mais d'injonctions pas bienveillantes. D'injonctions en mode "non, le fait que tu sois en dépression n'est pas une excuse valable pour ne pas rendre deux dissertations de suite, faut te secouer un peu." ou "non mais moi aussi j'allais pas bien mais maintenant je vais mieux pourquoi toi tu vas pas mieux hein t'es vraiment une merde").

Donc, si tu souffres d'une maladie et que tu traînes sur ce genre de compte, essaye de ne garder que ce qui te fait du bien. C'est là pour ça, à la base. Et pas pour que tu te flagelles encore plus. C'est normal, que tout ne soit pas "aussi simple" pour toi (ça marche pour tout dans la vie en général. Rien n'est jamais "aussi simple". Et probablement que pour l'auteur parfois ce n'est pas "aussi simple" que ce que ça a l'air dans ses articles). C'est normal et tu n'as pas à te détester pour ça.
Et. Si tu tiens un compte/site/blog de ce genre. Met un message avant chacune de tes publications qui rappelle que tu t'adresses aux gens qui sont en bonne santé mentale (on peut être en bonne santé mentale et être triste, c'est quelque chose de plutôt normal d'ailleurs). C'est pas forcément évident pour tout le monde et je sais que s'il y en avait eu pour moi (et probablement d'autres) ça aurait évité pas mal de souffrance et d'auto-flagellation.

Paillettes sur toi.

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J'en profite pour te glisser deux petites nouvelles : ce blog a désormais une page facebook que tu peux aimer pour être au courant des nouveaux articles (et puis des fois j'essaierai de poster des trucs dessus genre de vous demander quel article vous intéresse et tout mais je te promets rien je suis hyper timide sur les réseaux sociaux) ET autre nouvelle après des mois d'inactivités sur le YouTube et une table rase de ma chaîne il se pourrait que je redémarre ça officiellement en juin.

11 commentaires:

  1. Quand on écrit on oublie tellement que les maladies/handicaps physiques/mentaux existent quand on est pas cerné '.'
    (Ceci dit, d'un point de vue strictement personnel, le truc de faire du sport et compagnie pour être heureux me semble un non sens complet)(mais bon)

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    1. Le sport développant de l'endorphine, techniquement, ça génère un "bonheur", une sensation de joie éphémère. Pour certains, c'est la seule occasion dans leur journée pourrie de se sentir bien :s

      En revanche, je suis d'accord que ce n'est pas en faisant du sport qu'on a un bonheur stable et durable :)

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    2. En fait, pour aller plus loin, amour de soi et bonheur sont loin d'aller de paire :)

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    3. Fluffy : tu as raison pour le côté endorphines (encore qu'une séance de méditation me mette dans le même état qu'une séance de sport sans que je puisse me blesser ^^) et ça peut aider des gens de faire du sport, simplement c'est pas tout le monde non plus (si faire du sport ça devient une source de stress supplémentaire, clairement ce n'est pas une bonne idée par exemple ^^).

      @Ama : c'est vrai qu'on oublie vite quand on est pas concerné. Mais ça me paraît...Je sais pas...Tellement pas juste, d'oublier parce qu'on est pas concerné (après ça peut aussi être un manque d'information et tout, et ça c'est plus difficile d'auto-agir dessus ^^).
      Mais le lien entre l'amour de soi et le bonheur il existe malgré tout. Simplement l'amour de soi c'est déjà quelque chose de carrément vague et personnel, alors quand tu le lies à quelque chose comme le bonheur qui est aussi vague et personnel, c'est très compliqué au final de déterminer qu'est-ce qui agit sur quoi et dans quel sens.

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    4. C'est peut être pas juste mais c'est involontaire... D'où le fait qu'il fait répandre ton article pour que tout le monde y pense :D

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  2. J'adore quand tu fais ce genre d'articles 'Tite Fée.

    Moi qui suis à la limite de la maladie (je ne pense pas être malade, mais bon agoraphobie et déprimes répétées...bref...), je passe mon temps à chercher des moyens de me repuncher. Je ne suis pas aller chercher des sites positifs, j'avais pas besoin, la société elle-même passe son temps à nous dire "mangez équilibrer", "faites du sport", "ne restez pas sans rien faire", "ne conplexez pas"... et d'autres conneries du genre qui se contredisent au final. Parce que je vois pas comment le fait qu'on te dise de faire attention à ce que tu manges peut t'aider à ne pas complexer...au contraire ça te renvoie juste à la figure que t'es grosse...
    Au final, je ne supporte pas de faire du sport parce que mon corps me fait mal, je culpabilise de pas y arriver, et je me retrouve encore plus mal qu'au début.
    Pour ce que tu disais pour les cours, je ne compte plus le nombre de fois où je suis allée voir un prof avec l'excuse valable d'une surcharge de travail mais ils finissent toujours par me dire qu'il faut que je m'organise mieux. Alors quand il s'agit d'excuse émotionnelle, tu parles qu'ils s'en foutent totalement! On a l'impression que pour eux le travail c'est la solution au bonheur. Mais je connais pas trois personnes qui sont heureuses de travailler personnellement.
    Je reviens un peu sur l'histoire du sport...en vrai si à la base j'avais une bonne image de moi ou une santé mentale correcte, les conseils qu'ils donnent ne me mettrais pas aussi mal. Mais quand ton image de toi est nulle et que tu ne te sens pas bien, n'importe quelle phrase se change en critique, voire en hypocrisie, et te fais culpabiliser.
    J'allais rajouter que ça te donne envie de leur péter la figure mais je pense qu'il faut avoir un minimum d'estime de soi pour provoquer de la colère envers une personne. Quand t'en as pas du tout c'est plutôt de la frustration, t'as envie de leur hurler "MAIS J'ESSAIE !". Sauf que bon...ça fait pas beaucoup d'effet. C'est pas rationnel comme pensée en général. Je vois bien que je suis comme tout le monde. Et en même temps, est-ce que c'est une excuse pour être bien dans ma tête? Parce que tout le monde vit mal ses études et que ya des gens pires que moi, est-ce que je suis obligée de fermer ma gueule et sourire?

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    1. (Note : j'ai envie de te faire des câlins).
      C'est exactement ça, ça donne envie de hurler "oui mais j'essaie !".
      Y'aura toujours des gens qui iront moins bien que toi mais en fait, non, c'est pas une raison pour obliger les gens à la fermer et à sourire.
      (Je n'arrive pas à construire un commentaire constructif voilà voilà)(j'aime bien quand tu mets des commentaires comme ça (même si j'aime pas trop que tu te sentes mal)(obviously)).

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    2. Moi j'ai l'impression en me relisant d'avoir littéralement explosé et d'avoir déversé toute ma rancune dans ce commentaire alors qu'il avait rien demandé mais bon ! xD
      Je suis contente que tu prenne plaisir à le lire !
      (Note : oh ouiii des calins ^o^)

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    3. Moi j'ai l'impression en me relisant d'avoir littéralement explosé et d'avoir déversé toute ma rancune dans ce commentaire alors qu'il avait rien demandé mais bon ! xD
      Je suis contente que tu prenne plaisir à le lire !
      (Note : oh ouiii des calins ^o^)

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    4. Mais des fois c'est bien d'exploser et de faire sortir la rancune ^^

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