jeudi 2 juin 2016

Bac L spé pôle emploi

J'ai fais un bac littéraire. Spé latin, pas pôle emploi. Et actuellement je suis en études de lettres modernes (et oui, je fais toujours du latin).
Le nombre de blague sur les L sans avenir que j'ai entendu dépasse le nombre de décimales de pi. Et même moi je sais qu'il y en a un sacré paquet.

Bac L.
Hé tu sais pourquoi y'a deux L à pôle emploi ?
Le S construit le carton, le ES le vend, et le L dort dedans !

Et pour un L c'est sa future maison HAHAHA

Et autres savoureuses punchlines.

Ce qui pique dans tous ça c'est le regard de la société.
J'aime ce que je fais. J'aime les livres, j'aime étudier les livres, la grammaire, le latin (oui ! même le latin !), l'histoire littéraire, les profs chiants qui ont des exigences abracadabrantes. J'aime ce que je fais, et j'aime faire ce travail, plonger mon nez dans les livres et travailler et douter tout le temps de moi et atteindre l'épiphanie parfois.
Mais on me renvoie tout le temps au "tu es en lettres, tu fous rien et tu sers à rien".

Un certain week-end, comme souvent le week-end, je faisais une version de latin et j'occupais mon week-end à ça. C'est très ingrat les versions de latin parce que c'est très dur et très chronophage et qu'au mieux j'aurais 12. Et il y avait mon grand-père, qui me voyait travailler et m'étaler sur la moitié de la table avec mon dictionnaire et tout, qui m'a lancé tranquillement qu'en fac de lettres on avait un statut d'étudiant confortable sans foutre grand-chose. Et qui n'a jamais voulu démordre de ça.
Nous, étudiants en lettres qui fumons des pétards et profitons des aides phénoménales de l'Etat. Engeance à anéantir.

J'en ai MARRE qu'on me renvoie ma non-productivité dans la face.
Non, je ne fais pas grimper le PIB.
Non, je ne créerai pas de la richesse.
Non, je ne suis pas dans une filière pro.
Non, je ne suis pas employable.

C'est pas grave.
Je fais d'autres trucs qui sont utiles au monde.
Je prends soin des gens autour de moi autant que je peux. J'écris des livres. J'ai ce blog. Je fais de l'art. Je partage les chemins psychologiques parcourus dans ma tête pour aider les gens à marcher sur ces chemins.
Et il y a tout ce que je commence à ébaucher avec mes études.
Contribuer à la recherche en littérature.
Enseigner.
Réfléchir sur le monde et l'interpréter.
Je ne serais jamais inutile.
Même si je ne travaillais jamais.

Et. Toi. Si on te dit que tu ne vaux rien, parce que tu ne travailles pas, parce que ce que tu fais ne rentres pas dans les codes sociaux, parce que tu es malade et que tu ne peux pas travailler.
C'est pas vrai.
Tu ne vaux pas juste "mieux que ça".
Tu vaux beaucoup.

14 commentaires:

  1. Petit point mathématique : Pi est irrationnel, c'est à dire qu'il ne peut pas s'écrire sous forme de fraction de deux nombres dont leur pgcd est 1. Ce qui fait qu'il a un nombre infini de décimales ^^ Donc si tu as entendu un nombre de blagues supérieur au nombre de décimales de pi c'est que tu en as entendu une infinité (en considérant qu'il y a un ordre sur les infinis) donc que tu sais dénombrer l'infini (si tu en as entendu une infinité, c'est bien que tu les as comptés). Tout ceci créer donc une faille spacio-temporelle ;) (ok c'est une blague, j'arrête. A quel moment j'ai commencé à être chiante ? ^^)
    Sinon, pour écrire un commentaire sur le sujet de ton article, ce que je pense à ce propos, c'est que le bac L (valable aussi pour le bac STMG) ferme des portes mais en ouvre d'autres en encore plus grand, je ne sais pas si c'est clair. Malheureusement, ces portes grandes ouvertes mènent vers des voies d'avenir mal ou peu reconnues par la société. Tristement.
    J'aime beaucoup ta morale :)

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    1. J'adore ta précision mathématique ^^ (tu n'es pas chiante =) )
      Si, je suis tout à fait d'accord ! On s'ouvre les portes vers là où on a envie d'aller ^^ (même si c'est compliqué.)

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  2. Pour moi le BAC c'est un truc ultra dur que les frnaçais doivent se coltiner. quelque soient la section.

    sinon j'ai bossé deux en en filière dite de "qualification" ce sont des filières qui te proposent des stages et ou tu bosse comme des malades parce que tu as des stages que les autres n'ont pas... En gros c'est un peu une filière pro. (J'habite en Belgique je suis nulle pour faire des parallèles entre nos enseignements respectifs...) et qu'est ce que j'ai entendu comme "c'est plus facile", "tu te la coule douce"" T'as moins d'exams"... Mais... VOS GUEULES! Je bosse plus, j'ai des exams plus des stages à valider et j'ai un diplôme qui me permet de bosser dès la sortie, et toi t'as juste un diplôme qui te permet de continuer tes études, boloss va!

    Bref, fait ce que tu aime, et les autres ont les emmerdes!

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    1. C'est plutôt simple en fait (enfin maintenant passer le bac c'est devenu...Ouais, très facile, vu que pour "rentrer dans les statistiques" les profs doivent gonfler les notes).

      Ma petite soeur est aussi dans une filière pro et en effet, y'a du boulot (mais en France par rapport à une filière générale la filière pro est très peu exigeante sur les matières dites de culture générale (donc les langues, le français, l'histoire géo, etc) tandis qu'en général bah c'est exigeant...partout). Mais à voir ce que tu décris ta filière a l'air encore plus professionalisante que celle de ma soeur et beaucoup plus difficile ^^
      Pourtant hormis l'argument "tu te la coules douce" (qui n'est donc pas valide ^^) bah ça reste plus valorisé que n'importe lequel des diplômes que tu te casses aussi le cul à avoir (désolée de l'expression ^^') sur le marché du travail. Et c'est triste parce qu'on nous apprend que notre valeur dépend de notre travail.

      Exactement ^^

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  3. Je crois que grace à ton article je suis en train de mettre des mots sur ce que je commence à ressentir (qui peut paraître bisounours mais tant pis) :
    le coup de "on sert à quelque chose ou pas" c'est la société qui nous apprend ça... En tant qu'être humain, pour moi, la question ne se pose pas (ou ne devrait pas se poser, en tout cas)
    Je pense qu'on a tous quelque chose à apporter.
    On est là, on est vivants, et c'est bien comme ça :-)
    (en vrai, je me mets en rage quand j'entends ce genre de remarques comme celles que tu décris) (hem)

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    1. Je suis tout à fait d'accord avec toi, on ne devrait pas se poser la question.
      (Moi aussi)

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  4. Moi j'aime bien les blagues sur les L, mais à condition que ce soit vraiment une blague ;)
    Bon sinon je me destine à un.métier qui en plus d'être inutile est nocif, alors je vais me peeendre

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    1. J'aime bien aussi (il y en a qui sont assez drôles) mais ça devient lassant de se faire répéter que ton avenir c'est pôle emploi et un carton.
      Nocif ? Comment ça ?

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    2. De toute façon, on va de plus en plus vers une démocratisation des blagues de L. Du genre, de toute façon, tout le monde à son avenir à pôle emploi...
      Ben j'vais travailler à manipuler des gens pour qu'ils achètent des choses dont ils ont pas besoin :o

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    3. J'ai failli dire ça dans mon article mais je trouvais que ça faisais un peu trop humour super noir.
      Yaaay de la manipulation mentaaale

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  5. En fait, même si on tenait vraiment à parler dans les termes de la société, et avec ses échelles de valeur, on trouverait que tu crées du PIB / de la richesse. Sauf que comme c'est pas directement, c'est trop subtil pour les gens qui disent ça. Bref.
    Toujours est-il qu'on peut aussi s'en foutre de ce qu'ils disent et décréter qu'on améliore la vie et que c'est bien. <3

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    1. C'est même trop subtil pour moi (il faut dire que l'économie, bon...C'est pas tellement mon domaine).
      Owi toi <3 let's do this

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  6. Bon...que dire de plus ? Tu touches exactement au coeur du problème et de façon très juste donc je ne peux qu'être d'accord avec toi !
    Ça me fait chaud au cœur la façon dont tu nous défend, j'ai même plus envie de tempêter contre ces critiques

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