dimanche 5 mars 2017

"T'écris pas des vrais hommes"

Un jour j'ai fais lire un texte à quelqu'un.
Il m'a dit que mon personnage ressemblait pas à un homme.
Parce que mon personnage, il était trop dans ses émotions et plein de fragilité. Donc pas un homme, hein.
Et le héros de mon livre que j'écris en ce moment, c'est un garçon cisgenre.
Mais misère, il n'est pas écrit comme un garçon !
Il a des émotions !
Il pleure !
Il ne cherche pas à faire le sexe avec une fille !
Il n'est pas courageux ni agressif !
Quelle horreur, ça n'est pas un vrai garçon !
(Ceci est de l'ironie)



On parle beaucoup de la représentation des filles hors des clichés de fille, et elle est ultra-nécessaire et j'essaye d'y faire attention, de proposer de bons personnages féminins, suffisamment réalistes et variés, mais je pense que c'est tout aussi nécessaire de faire attention à comment on représente les garçons. Ils sont certes sur-représentés mais j'ai un peu l'impression qu'on a toujours les mêmes garçons avec la même masculinité traditionnelle.
Alors que, ne m'identifiant pas à 100% au genre fille ni à 100% au genre garçon mais parfois au genre fille ou au genre garçon, si je trouve des filles auxquels je peux m'identifier, niveau garçon y'en a zéro.
A part Harry Potter parfois et les garçons que moi j'ai écris.

Les personnages hommes que j'écris sont de vrais hommes. L'expression de genre masculine va au-delà des clichés de genre. Et c'est important pour moi - et probablement pour d'autres personnes - d'écrire des personnages masculins qui soient fragiles. Qui ne soit pas nécessairement des garçons-hétéro-graou-virils. Parce que, enfin, je sais pas, vous trouvez pas que y'en a pas déjà trop, de ça ?

En tant qu'auteur je trouve ça dur parfois de faire attention aux questions de représentation. J'ai tendance à faire des persos blancs maigrichons éthérés parce que c'est une esthétique que j'aime beaucoup et avec laquelle j'ai grandis, mais en terme de représentation c'est pas top du tout. Donc j'essaye de modifier mes persos mais je ne trouve pas ça neutre de décréter que "oh lui sera Coréen et elle aura des parents venant du Maroc et puis lui sera gros et elle sera handicapé" parce que ça a forcément un impact. Et j'ai peur d'être maladroit, de faire des trucs clichés, de pas savoir faire. Je veux bien les traiter comme n'importe quel être humain mais dans tous les cas la société te traite pas pareil suivant ta couleur de peau, ton genre, ton poids, tes handicaps visibles ou invisibles...Du coup c'est compliqué à écrire.
L'autre point qui me culpabilise c'est que j'écris souvent à propos de gens malheureux. Je n'ai pas encore compris comment écrire le bonheur. Mais du coup, si je propose une fille trans malheureuse, est-ce qu'on va penser que tous les trans sont malheureux ? Si je propose un personnage d'autiste malheureux et incapable de vivre, on va penser que tous les autistes sont comme ça ? Si je montre un couple de lesbiennes qui ne savent pas comment s'aimer, on va penser que les personnes homosexuelles ne vivent pas de vrais amours ? Si je fais un perso asexuel et dépressif, on va penser que les asexuels le sont à cause d'une dépression ?
A partir du moment où j'ai commencé à m'intéresser aux questions de représentation j'ai dû commencer à repenser mes histoires. Parce que j'ai envie de montrer qu'il y a une issue quelque part (mais en même temps j'ai pas trop trouvé où je crois que l'issue parfois c'est juste continuer à marcher avec la tempête au-dessus de la tête) mais si j'écris jamais au sujet des gens heureux comment est-ce que ça peut marcher, comment est-ce que je peux rassurer les gens ?
Je sais pas trop.

ça m'intéresserait d'avoir ton opinion de lecteur, d'auteur, d'artiste...Tu as déjà réfléchit aux questions de représentation, toi ?

11 commentaires:

  1. C'est une très bonne question je trouve... La première chose qui m'est venue en tête (si je savais écrire) c'est que je ne saurais écrire que sur ce que j'ai vécu, car c'est ce que je connais de mieux. Mais après, on ne vit pas tous les choses de la même manière, donc est-ce que ça ne reste pas subjectif?
    Mais ça n'en reste pas moins valable!
    Pourquoi voudrais-tu rassurer les gens? As-tu peur de transmettre de fausses idées?

    Pour ma part sinon (je pense que je vais faire du hors-sujet, pardon d'avance!) je fais forcément un parallèle avec l'interprétation en musique. Comme personne ne m'a jamais expliqué comment faire vivre la musique, personne ne m'a jamais expliqué non plus qu'en fait je suis tout à fait capable de faire de la belle musique, parce qu'elle fait partie de moi, que du coup il n'y a que moi qui peux la jouer (comme les autres jouent la leur) et qu'elle est digne d'être accueillie.

    Je suis heureuse de m'en rendre compte petit à petit et de faire le travail pour ma propre musique :-)

    Je crois que mon commentaire ne va pas t'aider, désoléééeee!
    Mais clairement, ça me parle, merci pour le sujet de réflexion :-)

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    1. Si bien sûr que ça reste subjectif...Mais je pense qu'on peut toujours trouver une porte d'entrée dans le vécu d'autres personne qui nous permet d'en faire une "matière littéraire" (la formulation est peut-être maladroite). Un peu comme quand on veut interpréter un personnage de théâtre et qu'il faut réussir à comprendre le personnage pour pouvoir bien l'interpréter, on part en général de soi pour accéder au rôle. Je pense que parfois ça demande un effort d'inclure la diversité dans son oeuvre mais je crois que c'est l'effort de départ qui est le plus dur (si par exemple on a pris l'habitude de ne dessiner que des filles minces et blanches au début ça va nous paraître étrange de colorier une peau plus sombre et puis ça va devenir normal au final).
      Je voudrais rassurer les gens parce que c'est ça qu'a fait, souvent, pour moi, la littérature. Et j'ai peur quand j'écris qu'on ne comprenne pas ce que j'ai voulu faire ou dire.

      (mais fait du hors-sujet ! J'adore le hors sujet).
      C'est vrai qu'en musique la question de la représentation se pose pas vraiment.
      Mais j'ai été content que tu partages ton expérience de musicienne avec moi, c'était cool à lire (et très positif-qui-met-chaud-au-coeur).

      Merci à toi pour le commentaire =)

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  2. J'ai du mal à écrire les garçons. Je sais que c'est bête. J'ai plus de facilité à écrire une fille parce que je suis moi-même une fille... et les garçons je sais pas dans quelle mesure ils sont différents parce que je n'ai pas d'amis garçons... c'est idiot, parce qu'avant tout nous sommes des personnes, et que les sentiments ben ça fonctionne pareil...
    Sinon, question des représentations couleurs de peau je suis assez bien. Même si actuellement, dans le roman que j'écris, les "personnes de couleurs" (je ne dis pas "Noirs" pas pour faire bon genre mais parce que je me suis davantage inspirée des couleurs de peau indiennes et que "Noir" fait plutôt référence à l'Afrique) sont des esclaves ou des affranchis (mais c'est l'Histoire qui veut ça). Dans le prochain l'histoire se passe dans le désert type désert du sahara libyen donc avec tout le monde un peu bazané et une héroïne typée asiatique (ce qui est plus facile, à ce niveau-là, comme j'écris de la fantasy. Ce que je veux dire c'est que... comment dire... disons que j'ai pas besoin de représenter la société, par exemple de faire 25% de personnages asiat' parce que y'a 25% d'asiat dant tel pays ou telle région ou telle ville, on ne va pas attendre de moi une justification, je pense, enfin je sais pas, j'écris pas dans "le vrai monde" donc je sais pas comment mettre un asiat' chef d'entreprise est perçu par les lecteurs).
    Pour l'orientation sexuelle... je m'en cogne. Je n'écris pas d'histoires d'amour de toute façon, alors la position dans l'arc-en-ciel des genres je m'en cogne (puis utiliser "cisgenre" dans un roman fantasy... bof bof, ce n'est pas adapté au genre de bouquin, justement). J'écris des histoires... que je veux philosophiques enfin... un peu sur les bords, quitte à ne pas aller assez profondément dans les personnages (même si j'aimerais plus, mais je n'y arrive pas toujours). Je n'écris pas d'histoires d'amours... par contre dans le prochain roman le prince sera gay. Pas pour mettre artificiellement de la diversité mais parce que ça va servir l'histoire et l'idéologie assez encombrante de son père (qui n'est pas homophobe outre-mesure, mais qui a une logique dynastique particulière on va dire) (j'aime pas parler des romans non écrits, donc je m'excuse pour le côté non clair).
    S'il faut effectivement faire attention aux représentations, je pense que faire de la discrimination positive et mettre artificiellement tel ou tel personnages pour représenter n'est pas non plus une bonne solution.

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    1. C'est marrant comme blocage, avant qu'on me dise que j'écrivais des garçons pas virils (ce qui est pas si vrai, je peux en écrire, je suis juste pas d'accord avec le fait que ce soit plus intéressant).
      Je trouve que la question de la représentation dans la fantasy est super intéressante. Globalement, dans la fantasy, y'a pas de règles. C'est nous qui les créons. Et au final on se retrouve avec le même panel de représentation (voire du white-washing si c'est adapté en film *est blasée*). Mais justement...On est pas obligé de dire cisgenre, ou transgenre, ça n'empêche pas de créer des personnages transgenres. On peut le faire différemment de dans une fiction traditionnelle et ne pas nécessairement faire prendre beaucoup de place à ce parcours, justement. Pour moi il est plus facile de faire de la littérature inclusive dans le fantastique parce qu'on peut très bien décider que ça n'influe pas du tout l'histoire, d'avoir un perso en désaccord avec son genre assigné à la naissance.
      Du coup. Tu me dis au-dessus que tu te moque de l'orientation sexuelle mais que tu vas mettre un prince gay. C'est un point qui me semble, comment dire, un peu contradictoire parce qu'au final, si tu n'écris pas d'histoire d'amour, rien n'empêche de créer des persos non-hétéro ?
      (je comprends pour le côté non-clair je suis pareil).
      Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire, là. Il me semble au contraire que de faire attention à représenter suffisamment les groupes sous représentés et marginalisés est primordial. Que c'est même tout l'enjeu de la question de la représentation, faire attention à représenter suffisamment de gens, même si ça peut paraître artificiel au début (de toute façon tout acte d'écriture est artificiel. A partir du moment où on invente des personnages, un monde, tout ça. Je veux dire, si on peut écrire des histoires avec des dragons, on peut sûrement écrire des histoires avec des gens gros dedans. Par exemple.)

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    2. Mon commentaire était trop long donc je coupe en deux.

      Oui bien sûr, on n'est pas obligé d'utiliser les termes mais on peut montrer à la place de dire, c'est certain !
      Ce que je veux dire quand je dis que je me fiche de l'orientation sexuelle c'est que... comment dire... je n'écris pas d'histoire d'amour, du coup je n'ai pas besoin de dire l'orientation sexuelle de mes personnages. En fait si tu veux j'estime que c'est une information qui doit être donnée pour servir d'histoire (je n'écris pas d'histoire d'amour parce que ça n'apporte rien à l'histoire, par exemple). Par contre mon prince sera gay parce que ça sert l'histoire. Donc oui, même sans histoire d'amour je peux faire des personnages non-hétéro, mais ça doit servir l'histoire, pas juste être "je fais un gay parce qu'il y a des gays dans le monde et que je dois faire un personnage gay pour les lecteurs gays".
      Je vois ce que tu veux dire mais ce n'est pas à ça que je pense. Je ne crois pas, déjà, qu'un roman soit artificiel parce qu'on invente un monde. Parce que même si on invente un monde on prend des références que l'on connaît (je te parlais du Sahara par exemple, pour certaines cosmogonies je m'inspire de l'Antiquité...). Quand je crée mes personnages je ne réfléchis pas : ils apparaissent dans ma tête tout seuls, je ne choisis pas leur couleur de cheveux, de peau, leur sexe, leurs vêtements, tout apparaît tout seul et je me verrais mal me forcer à faire une blonde parce que j'ai pas encore de blonde, ou de lesbienne parce que j'ai pas encore de lesbienne... Ou me dire "Bon, je l'avais pas imaginé comme ça mais Karl sera obèse parce qu'il me faut un obèse pour bien représenter".

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    3. En fait... voilà, disons que le problème dans la question de la représentation n'est pas de savoir ce qu'il y a dans l'histoire vis à vis des personnages mais ce qu'il y a dans la tête de l'auteur. Je me souviens avoir lu l'article d'une fille qui disait s'être rendue compte qu'elle ne dessinait que des filles hétéros, blanches, fines, etc. C'était une prise de conscience interne et intime. Je crois qu'au fond l'enjeu des représentations c'est ça. Ce n'est pas mettre un Noir parce qu'il faut mettre un Noir mais imaginer directement un personnage noir (ou asiat', etc.). Tous les personnages dont je t'ai parlé, et bien d'autres encore, même le borgne aux cheveux bleus, je les ai imaginé directement comme ça. Je me suis pas dit "tiens, il me faut un handicapé donc je vais le faire borgne" ou "elle je vais lui amputer un bout de jambe, désolée ma chérie, c'est tombée sur toi pour mes quotas". Ils sont arrivés tout fait dans ma tête parce que je suis ouverte d'esprit, tout ça, et que je n'ai pas de problème à m'identifier à un personnage qui ne me ressemble pas. Donc en fait ce qu'il faut interroger ce n'est pas le physique des personnages écrits mais le physique des personnages pensés et le pourquoi du comment certaines personnes ne pensent jamais à faire des Noirs, des amputés, des gays, des transgenre, des asiat', des obèses, etc., etc., etc. En fait ce que je trouve artificiel c'est de se forcer à mettre un personnage parce que lui ben on l'a pas encore dans les quotas. D'autant que votre physique influe sur votre caractère. Une personne noire ayant été victime du racisme ne grandit pas pareil qu'une personne blanche à qui rien n'est jamais arrivé de semblable... du coup ça me paraît aussi être quelque chose à interroger la pratique consistant à dire "il me faut un Noir, Dimitri tu seras Sénégalais parce que tu es mon dixième personnage et qu'en France une personne sur dix est sénégalaise". Tu vois ce que je veux dire ? En fait, plutôt que travailler artificiellement sur les représentations dans les livres, il faudrait travailler en profondeur sur les esprits des personnes qui pondent les personnages. Mon héroïne asiat' je ne la fait pas asiat' parce qu'il m'en faut une, je la fais asiat' parce qu'elle m'est apparue comme ça et qu'il se trouve que ça m'arrange puisque sa famille est censée avoir fui d'une autre région du royaume. Je ne sais pas si je suis super claire...

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    4. En fait je suis d'accord avec ce que tu dis (genre vraiment très d'accord). Seulement parfois c'est bien d'en faire la démarche de façon consciente. Genre de savoir que si tous nos héros son hétéro cisgenre etc bah ça participe à cette mécanique-là.
      Après il y a aussi un autre truc : l'imaginaire ça se nourrit. Genre (je dis n'importe quoi pour illustrer) si tu es un dessinateur et que tu ne regarde que des œuvres où son représentés des gens mince ton cerveau va enregistrer "gens minces = arts" et du coup tu vas avoir plus tendance à rester dans cette représentation au lieu de varier les gens que tu dessines.
      Mais là c'est un peu le serpent qui se mort la queue : moins on a de sources d'inspiration variée, moins on va reproduire cette variété dans les oeuvres.

      (Et je voulais faire une parenthèse parce que tu parles du fait que tu imagine directement tes personnages d'une manière et que tu ne les modifie pas ensuite, mais c'est un point de vue. Perso je ne fonctionne pas comme ça, si je veux je peux décréter qu'en fait tel personnage est une fille ou un homme noir ou n'importe quoi d'autre, tant que je ne l'ai pas écrit il n'est pas figé dans son essence et souvent je trouve qu'aller à l'encontre de ma première image m'aide à lui donner de la réalité. Donc, ça dépend des modes de créations - mais du coup je conçois que ce soit plus facile pour certain de faire des personnages représentatifs).

      (je suis désolée de répondre par un si petit commentaire).

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    5. 1/2

      Oui mais une prise de conscience on ne peut pas la forcer. Si je reprends l'exemple de la fille avec ses dessins, je crois pas qu'elle se soit dit "tient, y'a des Noirs dans ma BD préférée et moi j'en fais jamais". Je ne me souviens pas de l'article sur le bout des doigts mais il me semble que sa prise de conscience a commencé quand elle a dessiné un énième personnage féminin blanc, svelte... Et en illustration de son article elle avait dessiné un personnage noir, un peu rond. Et donc c'était conscient, elle s'est dit "tiens, il serait temps que je diversifie mes personnages". Mais la prise de conscience n'a pas été forcée. Elle a fait consciemment un personnage de la minorité, mais il y a une profonde prise de conscience derrière (ce n'est pas : "je n'ai pas de Noir dans ma BD, je vais en faire un" mais plutôt "oh mon dieu je ne représente jamais les minorités, c'est pourri, il faut que ça change") et du coup ça l'a interroger elle sur son mode de représentation. En fait je pense que la démarche de représentativité des minorités doit être sincère, comme pour cette fille, et pas juste histoire de dire "je mets un Noir parce qu'il en faut un".
      C'est vrai ! Mais il y a un autre point à prendre en compte je crois. C'est que, je pense, enfin j'en sais rien, c'est une réflexion un peu instinctive, que si la démarche de représentativité n'est pas sincère on va mal représenter. Ce que je veux dire c'est que l'on peut toujours trouver dans la production des marques du producteur (par exemple même si je fais des personnages avec lesquels je ne suis pas d'accord, dans l'oeuvre globale ma personne transparaît même si elle ne transparaît pas forcément dans ledit personnage de manière isolée). Du coup quelqu'un qui n'a pas la démarche sincère risque de représenter avec des clichés (genre les Noirs lents, ou qui ne savent pas correctement réfléchir, etc.) et du coup ce n'est pas non plus bon pour la représentativité (même si y'a aussi des Noirs cons, on est d'accord, comme y'a des Blancs qui savent pas réfléchir). Et puis en plus un dessinateur ne s'inspire pas (et même un artiste en général, je pense, sinon ça serait un peu "triste" ou dommage) que d'autres oeuvres mais aussi de la réalité, et dans la réalité il n'y a pas que des Blancs minces dans la rue, dans les magasins, dans les écoles... Et donc on revient à l'artificialité : une personne qui ne s'inspire que d'autres oeuvres avec que des Blancs par exemple est pour moi beaucoup plus artificiel, même s'il s'inscrit dans un monde réel, que quelqu'un qui reproduit une certaine diversité (de cultures, de religions, etc.) dans un monde imaginaire, en fait. Le monde qui nous entoure est une bonne source de variété :) Mais si une personne, de base, sans avoir d'autres œuvres en référentiel, pense que les filles noires sont forcément laides il aura du mal à écrire sur une fille noire jolie. Et du coup effectivement la production artistique ne représentera pas. Et du coup effectivement, d'autres personnes pourront se dire un truc du genre "dans les livres policiers le héros est jamais Noir donc c'est le code du genre et j'ai pas le droit de faire un héros noir" (ça peut paraître exagéré comme exemple mais quand on voit le genre de questions sur les forums... genre "combien j'ai le droit de faire de personnages dans mon roman ?" mon exemple est peut-être pas si à côté).

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    6. Oui oui, c'est tout à fait un point de vue, je ne dis absolument pas que tout le monde doit faire comme moi ! Et je rencontre quand même quelques problèmes : par exemple j'ai imaginé un personnage en cape-manteau, du coup j'ai dû quand même réfléchir à ce que j'allais faire sous son manteau, par exemple :) Mais effectivement ça vient juste d'une question de façon de travailler. Par exemple je prends peu de notes (que les choses qui ne changent pas, comme les écarts d'âge, les cosmogonies/calendriers, les plans des maisons, le passage des jours pour pas me pommer...), du coup tout dans la tête, y compris mes personnages, ce qui me permet de laisser mes idées fluctuer toutes seules et de ne pas fixer. Donc pour certains personnages j'ai quand même quelques modifications mais je ne les choisis pas vraiment, ça relève de l'évolution naturelle de mes idées (par exemple mon asiat' n'était pas vraiment asiat' au début, plutôt très très pâle, puis ça fait déjà plusieurs mois que je l'ai dans la tête, voire un an peut-être, et elle a un peu évolué, mais je n'ai pas choisi de la faire changer, pas vraiment).

      Ne t'excuses pas ! Ça veut juste dire que tu expliques tes idées plus vite et plus précisément que moi qui utilise 50 000 exemples dans la même démonstration x'D

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    7. Ha mais je suis d'accord, la démarche de représentation des minorités doit être sincère, mais justement, il n'y a pas pour moi d'écart entre "je mets un personnage noir parce que mince j'en ai pas mis" que "mince je ne représente jamais les minorités", au final ça relève du même mécanisme, celui de faire attention à qui on représente dans nos oeuvres.
      Mais justement, je ne vois pas comment cette démarche peut n'être pas sincère, à partir du moment où tu as conscience du fait que telle catégorie de personnage n'est jamais représenté dans tes histoires et que tu essayes de les introduire, c'est une démarche sincère. Même si y'a toujours la possibilité de mal représenter.
      Je suis d'accord pour le fait qu'un artiste ne va pas forcément s'inspirer d'autres œuvres mais on forge un imaginaire en fonction de ce avec quoi on est en contact ; or on est pas forcément "conscient" quand on se promène dans la rue / on a peut-être pas envie de représenter ce qu'on voit dans la rue mais quelque chose d'un peu plus idéal. (C'est clair ce que je raconte ou je dis n'importe quoi ?)
      Pour avoir déjà vu des gens se demander s'ils avaient le droit de faire une femme héroïne d'un livre de fantasy, je pense que ton exemple est très pertinent ^^

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    8. Disons que là où je fais la distinction c'est que... disons qu'il peut y avoir des auteurs qui mettent un personnage d'une minorité pour qu'on puisse pas leur dire qu'ils ont fait que des petits blancs, mais ensuite la représentation peut charrier des clichés du fait de la non réelle sensibilité de l'auteur. En fait c'est là où je fais la distinction. Mais dans l'absolu tu as raison (d'autant que je pense qu'il y a peu d'auteurs qui représentent pour pas qu'on leur reproche de pas l'avoir fait). Mais j'ajouterais quand même que je garde une petite réserve quant à la discrimination positive... disons que je suis un peu soupçonneuse de la méthode... mais en même temps je reconnais les limites de mon propre raisonnement dans le sens où si dans un roman la personne issue de la minorité doit avoir un rôle (comme mon prince gay) dans la vraie vie ce n'est pas comme ça, donc prendre de la minorité que parce que ça apporte quelque chose à l'histoire pose aussi un problème du point de vue de la représentation, en fait.
      Je me rends compte que j'ai déjà répondu à ce paragraphe x) disons que pour moi quelqu'un de pas sincère serait quelqu'un qui représente pour pas qu'on lui reproche de pas l'avoir fait (je sais, je suis parano xD).
      Oui c'est clair ! :) Et c'est vrai qu'on ne fait pas forcément attention aux pourcentages de populations. Par exemple, jusqu'à il y a quelques jours, je n'avais pas fait attention au fait que dans mon quartier il y a pas mal de Noirs et d'Arabes, par contre mes parents eux avaient fait attention (ce sont d'ailleurs eux qui ont fait la remarque). Mais justement. Est-ce que je n'ai pas pas remarqué parce que je m'en fiche, alors que mes parents eux sortent parfois des absurdités sur les Noirs qui seraient comme si ou comme ça ? Du coup on en revient à ce que je disais sur l'enjeu des personnages non pas écrits mais pensés (en faisant attention comme toi, ou en laissant faire l'esprit comme moi).
      Tu as vraiment vu une telle question !? Mon Dieu mais où sommes-nous tombées xD

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