vendredi 22 février 2013

F*ck yah prejudice

Aujourd'hui, je suis remontée. Voir même superbement en colère.
Je l'ai déjà dit, je me scarifie. ça a commencé à 7 ans par des petits coups de ciseaux sur les doigts, et là j'en suis aux entailles version barbare à la lame de rasoir.
Forcément, ça se voit. Forcément, j'essuie pas mal de commentaires des gens. Parce que aussi bizarre que cela puisse paraître, non, je n'en ai pas honte. Non, je ne me ballade pas uniquement en manches longues ou avec des bracelets qui remontent sur tout le bras. J'ai décidé d'assumer. Parce que quoi que je fasse pour le cacher j'aurais toujours une manche qui va glisser ou quelque chose, et puis de toute façon j'en ai même sur les mains. Et puis c'est une part de moi mes cicatrices, je ne vois pas pourquoi je devrais couvrir mes bras en permanences juste parce que l'idée qu'on puisse se blesser volontairement dérange. Bon après il y a des fois où je les cache, mais plutôt pour préserver les gens.
Enfin bref. Toujours est-il que dans ces cas là, il vaut presque mieux ne pas assumer. Parce que les gens peuvent être cons. Très, très cons.
Et encore. S'ils se contentaient d'être cons. Mais non : ils ne comprennent pas, alors ils te massacrent. Je ne sais pas pourquoi. Je ne comprend pas pourquoi.
"Sale émo !" Qu'on m'explique le rapport entre un style vestimentaire et mes coupures. De plus, je ne suis pas émo.
"Si encore tu faisais ça à un endroit qu'on voit pas, là ok ce serait de la souffrance, mais là c'est sur le truc le plus visible et tu le caches même pas, tu cherches juste à te faire remarquer." Je vais pas non plus me foutre à poil pour te les montrer, celles que tu vois pas, connard ! Et je n'ai aucune raison de les cacher, je refuse d'avoir honte de ça. Quant à me faire remarquer, je ne suis pas certaine que ce soit le meilleur moyen de le faire.
"T'aime te faire souffrir ? T'es maso ?" Déjà, je ne sens rien quand je me coupe, je ne cherche pas la souffrance. Ensuite, est-ce que ce que j'aime faire au lit te regarde ? Non ? C'est bien ce que je me disais.
"Tu fais semblant de te suicider pour qu'on te regarde et qu'on te plaigne ? C'est pathétique." Semblant de me suicider ? Bien sûr que non. Si j'avais voulu me suicider, j'avais d'autres moyens nettement plus sûrs. Je n'ai jamais voulu qu'on me plaigne, je voudrais être forte, solide, ou du moins renvoyer cette image. Qu'on me regarde ? Bien sûr que j'aimerais qu'on me regarde, mais pas pour ça.
"T'as pas l'impression d'être une psychopate ?" Euh...que dire ? J'ai juste l'impression d'être moi, je sais pas si je suis une psychopate, je sais pas, je tue personne, je viole personne, en tant que psychopate, on peut touver pire que moi je pense.
Là, c'est facile de démonter ces phrases. Mais en vrai, quand les gens ne vous voient plus que comme une cicatrice géante, quand ils oublient que vous avez des sentiments (j'hésite à dire comme eux), c'est juste terriblement douloureux de se prendre ce genre de remarque. Merci, j'essaye juste de vivre, foutez-moi la paix.
Mais si seulement il n'y avait que des cons pour blesser. Quand c'est ta famille qui s'y met, ou tes amis, tu te demande en effet pourquoi tu t'obstine à ne pas toucher de veine. Mon père réagit toujours de la même façon : l'agressivité. Ma mère : elle m'achète des compresses, du sparadrap, du désinfectant, des steristrips. Ils ne cherchent plus à comprendre, d'eux je ne reçois plus qu'une indifférence désespérée face à ce que je suis. En même temps j'ai tout fait pour.
Et puis, les amis. Y'a ceux qui te font promettre d'arrêter. Tu promets, tu tiens un moment, tu craques, tu culpabilises, ton ami t'en veut, il te fait plus confiance. Y'a ceux qui savent pas comment réagir, alors ils ne réagissent pas. Ceux-là je les comprend. Y'a ceux qui te crient dessus parce que tu vois ils y sont passé ils s'en sont sortis alors toi aussi tu peux, au fond tu sais que tu n'en as pas vraiment besoin. Y'a ceux que ça énerve parce que ils tiennent à toi tu comprends alors ils ont peur alors ils s'énervent pour mieux te montrer qu'ils tiennent à toi. Perso, j'arrive jamais à piger, ça me fait juste culpabiliser. Et puis y'a aussi les merveilleux, ceux qui te serrent dans leurs bras en te disant c'est pas grave et à qui tu peux tout dire. Ceux-là, si tu en as, tu ne les laissent pas partir. Jamais. Tu ne les rejettes pas. Tu les gardes. Tu fais pas comme moi, tu les (le) fous pas hors de ta vie parce que t'as peur de le saouler.
Bref, je suis désolée pour cet article un peu long et décousu, mais c'est un sujet assez douloureux et y'a bien des larmes qui ont roulées de ma joue au clavier en tapant ce billet. Mais j'en reparlerais quand même parce qu'il me semble que c'est important.
"Ne me regardez pas comme une cicatrice."

1 commentaire:

  1. Tu n'as que seize ans. Enfin je crois. J'ai l'impression de revivre ma crise d'ado, ça me fait rire. Tu verras un jour tu trouveras ça super con et tu en rieras aussi.

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