lundi 12 mai 2014

Angoisse décousue.

J'ai peur.
Demain je retourne au lycée.
J'avais presque réussis à retrouver goût aux choses.
Je lisais des livres, j'écrivais des articles, j'allais au répétitions quand j'en avais (tout le temps), je bidouillais des choses en cuisine, je renouais avec mon bébé lapin (qui n'est plus du tout un bébé. Mais ce sera toujours mon bébé Tolstoï).
Je voudrais pouvoir passer ma vie à être sur scène pour pouvoir jouer des rôles qui me permettent de sortir de moi-même et en même temps de m'exprimer et de me sentir terriblement libre.
Je voudrais pouvoir vivre sans mes insomnies, à défauts de soigner mes cauchemars/terreurs nocturnes de façon radicale. Parce que oui, je peux dormir, de une heure à neuf heures du matin. En me réveillant littéralement trempée de sueur une ou deux fois par nuit (ou trois), mais au moins, je dors. Ce que les cours ne me permettent pas vraiment de faire.

Je n'ai pas envie de revoir ma prof de litté demain matin. 
Je n'ai pas envie qu'on me demande si j'ai bien révisé mon bac. Si j'ai fais mes dossiers de langue, si j'ai commencé à apprendre l'histoire. Je n'ai pas envie qu'on me demande cinquante fois par jour si ça me stresse, ce foutu examen final. Je n'ai pas envie qu'on me rappelle que ça va arriver, finalement. Je l'aurai, ce bac. En attendant taisez-vous, j'ai peur de ce qui se passera après.

J'ai peur de ne jamais terminer ce roman. De le laisser en friche, lui aussi, comme les autres. Je ne veux pas ça. Je veux raconter cette histoire. Mais j'ai peur, vous comprenez. Ce nano m'aura donc bien flingué ma confiance dans mes capacités d'écrivain, en fait.
Quelle blague. Je ne serai jamais un écrivain.

J'ai peur de perdre mes amis.

J'ai peur d'être seule, cet été. Vraiment seule. Genre "je passe mes journées dans le noir devant mon ordinateur.".

J'ai pas envie de perdre mon temps à réviser des choses que j'oublierai ensuite. Il y a tellement mieux à faire. Tellement plus urgent à faire.

J'ai peur, vous savez. J'ai peur de perdre le goût de vivre. C'est tellement facile. Vous passez huit heures par jour dans un environnement qui bride le meilleur de vous-même, puis vous rentrez chez vous, vous essayez d'avancer sur votre roman mais vous vous sentez trop vide pour le faire, alors vous faites autre chose pour vous occuper, mais le cœur n'y est pas, vous traînez sur internet histoire de remplir votre esprit par autre chose, puis la nuit vient, avec son lot d'angoisse, et à vrai dire des fois mourir semble préférable. Puis le réveil sonne, et la seule raison de se lever, c'est que ne pas le faire déclencherai la colère d'un de vos parents.

Je prône l'espoir comme chemin de vie. Et j'essaye un maximum de faire que ma vie me donnera envie de me lever le matin.
Mais vous savez, une journée au lycée ça me réduit tout ça à néant.
Il n'y en a plus pour longtemps.
Mais j'ai peur de ne plus tenir longtemps.


J'espère
Ce qui m'est interdit.

Paul Eluard, "Le Tournant", Les Mains libres (dessin de Man Ray).

13 commentaires:

  1. Comme je te comprends, puce. L'école m'annihile également tous mes projets (avancer dans mon roman, créer mon nouveau blog, coudre ma robe, mettre au point mon numéro burlesqte, etc) et me semble du coup bien...intruse dans ma vie. Comme si quelque chose de parfaitement inutile m'empêchait de faire l'essentiel.
    De plus, le côté "ne bois pas en cours et ne va pas aux toilettes m'en fout si t'as une cystite" m'angoisse énormément et j'ai hâte d'avoir mes journées de libre pour pouvoir prendre bien soin de moi.

    Il ne reste plus qu'un mois, ma belle, un mois et tu seras libre de mettre à bien tous tes projets. Courage, ne t'en fais pas. N'écoute pas les autres qui t'oppressent, va à ton rythme, étudie quand tu en as la force, ne te surmène pas. Plus qu'un mois et c'est terminé <3

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    1. Surtout qu'à la base, c'est pas sensé être parfaitement inutile. Mais j'ai l'impression que ça l'est. Et étrangement, ça me rassure de voir que je suis pas la seule à qui ça arrive. Même si du coup je suis désolée pour toi ^^'
      Oh mon dieu. Une cystite sans pouvoir boire ni aller aux toilettes. L'enfeeeer.

      Merci <3

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  2. Malheureusement je ne sais pas quoi te dire... mais ça me touche de lire ça. Juste... je suis là.

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  3. Sushi-Licorne-Patate12 mai 2014 à 21:27

    Ces angoisses, je les comprends parfaitement, et je pense que 3/4 des gens qui passent ce foutu bac la ressente également. Peur de changer, de se séparer des autres, de grandir... C'est oppressant, c'est terrifiant, voir humiliant de sentir cet étau se resserer autour de soi comme ça, et d'être impuissante de réagir. Pourtant, il faut se resaissir, mais c'est dur...(niveau pression, crois moi qu'en plus des dossiers de langues et de l'histoire/géo, il faut aussi que je finialise des projets d'arts en option et en spécialité, que j'arrive à arranger ce p*tain de carnet de travail, que j'achète mes planches, ma colle, et que je trouve comment placer des projets en lesquels je crois pas dans des fils du programmes.).
    Pourtant, dans 2 mois, on rira de nous en pensant à cette pression, et on sera soulagées et ravis de respirer à nouveau (parce que là, on est plutôt plongées dans une apnée qui nous fait peu à peu agoniser psychologiquement et cérébralement) et de passer du temps avec les gens à qui on tient (D'AILLEURS! Tu ne sera pas seule cette été, un sms et ton Lama arc-en-ciel est tout à toi, et te rejoint où tu veux ^^).

    Donc accroche-toi, et n'oublie pas que si tu es sur le point de craquer, il y a des gens qui sont là pour te soutenir ^^ <3

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    1. Mais j'ai peur ni de grandir ni de changer (de me séparer des autres, un peu, et encore. On se verra toujours, et on verra d'autres gens en plus.). (niveau pression, je dois être la fille de la classe qui a le moins la pression, en fait...)
      (Et toi, souviens-toi de m'appeler avant de te tailler une frange xD)

      Oh <3

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  4. Bonjour. Je suis tombée sur ton blog par hasard, en cherchant des images sur les cheveux bleus, tu vois le niveau ><' bref. Le hasard n'existe pas ! Je m'attendais pas.... à tomber sur ça. Ca m'émeut tellement, j'aurais peut-être pas dû continuer à lire mais je l'ai fait quand même, parce que chacun de tes mots me renvoyaient à mes propres angoisses qui sont nait à cette époque et dont j'essaye de me défaire. Et j'ai les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas juste partir en te laissant comme ça. J'écris aussi. J'essaye de publier en ce moment, et je fais du théâtre et j'adore être sur scène et ce sentiment que tu as je le connais et je l'ai vécu l'année du bac et... et je le vis encore. Pour résumer, j'ai l'impression que c'est moi qui ai écrit. Tu sais... oui, c'est nul de se lever le matin et d'aller au lycée et ce sentiment d 'ennui profond et en même temps tu te dis que tu passes toujours immanquablement à côté de quelque chose... Je te parle de cœur à cœur en te disant ça. Il y a toujours autre chose. Au bout du chemin et sur le chemin. Un sourire, une goutte de pluie qui te rafraichi, la gentillesse de quelqu'un que tu croises, un rayon de soleil... la lumière est là, elle est autour de nous-même quand on ne la voit pas. Et il y a des gens qui seront là toujours pour comprendre, pour aider. Il ne faut pas refouler ses angoisses, ce que tu vis la nuit et tout... il faut toujours se respecter assez pour dire quand ça va pas aux gens qui sont là, laisser éclater ce qui va pas, s'en défaire par l'écriture c 'est bien mais éclater vraiment quand ça te fait chier en se foutant des conséquences... garde confiance <3 crois-moi, tout fini toujours par s'arranger... et c'est une fille en errance qui te parle. Si j'ai un conseil à te donner.... écoute toujours ton cœur. tes envies, tes désirs, tes intolérances, tes refus.... écoute-les. Tu gagneras beaucoup de temps, crois-moi, à agir pour toi et pas à cause des cases et des règles strictes et inutiles de cette putain de société. Courage <3

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    1. C'est super drôle comme hasard parce que je suis moi-même en train de chercher des images de cheveux bleus à l'instant où je lis ton commentaire ^^
      Enfin bref. Je suis toute...émue, en lisant ça, du coup je sais absolument pas quoi répondre ><' ha si, j'espère pouvoir lire un de tes livres un jour, qui que tu sois, et que tu sortes de ton errance.

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    2. Lol ^^
      Merci d'avoir tout simplement répondu, ce n'est pas grave de pas trouver ses mots, ton émotion me suffit. Pour mes/mon livre(s), merci :)
      J'ai parcouru un peu ton blog depuis et je dois avouer que je suis surprise par tous les points que tu évoques et qui font écho en moi... Le rapport au corps, les pulsions suicidaires, la boulimie, pleins de choses en fait... même le fait de pas forcément réussir à se défaire de quelqu'un qu'on a aimé. Je te comprends tellement pour pleins de choses. Et pour les tatouages en couleurs aussi d'ailleurs, ils ont décidé de faire cette putain de loi quand je voulais me faire un tatouage "aquarelle" bleu ( d ailleurs tu devrais aller jeter un œil si tu ne connais pas aux œuvres de " street tattoo", c'est magnifique, enfin certains, ça dépend des goûts. Et au passage, j'aime beaucoup le style de ton tatouage ! J'en ai un aussi, sur l'épaule-omoplate droite, mais une écriture avec du lierre " Intenun Viriscit" ce qui signifie " le vert croît toujours" ou " la nature grandit en moi et me transforme " c'est une très vieille devise celtique inscrite sur les blasons. ) Bref, ma parenthèse va devenir plus longue que le commentaire lui même et je raconte un peu tout dans le désordre, tu m'excuseras. Tu sais, c'est cool d'être différent ;-) comme on dit, les fêlés laissent passer la lumière ! :) ( ça n'a aucun rapport, mais mon dessin animé préféré depuis l'âge de mes 6 ans, c'est princesse mononoke >< ) Belle journée à toi.

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    3. Le hasard fait parfois bien les choses, on dirait ^^ (si, je connais street tattoo. J'aime beaucoup beaucoup d'ailleurs ^^) Merciii pour mon tatouage, je l'aime ^^ si c'est pas indiscret (enfin, ça l'est, soit, mais bon ^^'), pourquoi cette devise ?
      Tu sais, j'adore les commentaires-fouillis avec des parenthèses qui deviennent plus longues que le reste (j'adore les parenthèses (mais est-ce encore utile de le préciser ?)), belle journée à toi aussi =) (et j'adore princesse Mononoke)

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  5. Oh, tu connais street tattoo. Ca m'étonne pas :) ( Si c'est pas indiscret ;) où te l'es tu fait faire ? C'est eux qui ont dessiné par rapport à ce que tu voulais ? - vu que c'est moi qui ai dessiné mon tatouage, je suis curieuse de savoir comment ça se passe quand c'est le tatoueur qui te le dessine ... ça doit faire bizarre, de se faire tatouer quelque chose que c'est pas toi qui a contrôlé de moindre trait .... quoi que j'adorerai un jour me faire tatouer quelque chose dessiné par quelqu'un, quelqu'un qui ne soit pas un tatoueur je veux dire ^^ ) mon dieu qu'est ce que blablate x) En tout cas j'aime beaucoup la forme des branches, les couleurs et le style... ça a un petit côté Tim Burton, je trouve. Et le caméléon... ah ! ^^ Tu comprends, pas besoin de mots. Je voudrais un dragon aussi ( un petit dragon, celui là sera " le tatouage bleu " dont je parlais, et je le veux le faire chez street tattoo ( m'en fou si on a plus le droit aux couleurs, j'ai le droit de rêver )
    Pourquoi cette devise ? J'étais en première quand j'ai eu envie d'un tatouage sur l'épaule, à cet endroit là, mi devant mi derrière, presque comme une cicatrice, en fait... quand je pensais à un tatouage, je pensais aux gens bannis au moyen-âge, poursuivis, jugé à tord, aux sorcières entre autres. J'ai toujours aimé la nature, les arbres ( j ai passé mon enfance seule à parler avec un arbre alors... ) les animaux, les esprits des bois aussi. Si tu connais Luna Lovegood... sans commentaires x) je voulais une phrase en elfique et puis... et puis un jour, j'ai vu cette phrase, et ça m'a fait pleuré. Je savais que c'était ça. Cette devise, ça voulait dire " la nature sera toujours là. Peu importe combien arbre on coupera pour construire des villes, il y a encore des gens qui croient en nous, et même s'ils sont minoritaire, la nature sera toujours là" Je l'ai vécu comme un hommage à cette nature mystérieuse dans laquelle je me sens chez moi bien plus que dans notre société, comme une appartenance à elle. Faire partie d'une tout, du cercle de la nature par laquelle nous naissons et mourrons... bref... voilà. Et je le vis pas comme une question indiscrète, ne t'en fait pas ;)
    ( oui, j'ai remarqué que tu aimais beaucoup les parenthèses ^^ )

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    1. Derm Hospital Tattoo (c'est à St Martin le Vinoux, ce qui en soit est un peu un bled inconnu), et oui, c'est eux qui ont dessinés par rapport à ce que je voulais. Et c'est drôle, moi je conçois absolument pas de dessiner mon propre tatouage (parce que je sais pas dessiner, déjà), alors je comprends jamais quand on me pose cette question. Pour moi un tatouage c'est une oeuvre d'art, donc je préfère laisser le tatoueur libre de faire ce qu'il veut...d'où mon obsession pour les tatoueurs qui savent dessiner. D'ailleurs. (en fait ouais, ramener mon propre dessin, c'est juste pas possible quoi). Et le petit côté Tim Burton, c'était totalement voulu (en fait, la consigne c'était "un caméléon sur une branche morte mais avec des trucs qui poussent dessus et le caméléon, je veux qu'il soit totalement taré, genre Beetlejuice"). Oooh j'envisage le dragon, un jour. Mais un gros (je suis dingue des grosses pièces). Et on a toujours le droit aux couleurs, tu sais ^^
      Je vois je vois (ta référence à Luna Lovegood me fait me dire que je t'aime décidément bien). Donc en gros ça c'est imposé à toi ?

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  6. coucou :) Je t'ai répondu sur ta boite mail, je voulais pas squatter tes commentaires de blog ^^

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