vendredi 15 août 2014

Et Simone et Simone et Simone

Je sais, j'ai déjà fais un article sur Simone de Beauvoir (quoique je sais plus, en fait, mais j'ai déjà dû parler d'elle), mais voilà, j'en étais pas satisfaite, et après avoir terminé de lire les deux tomes de La force des choses (mon rythme de lecture est redevenu déplorable (je sais, j'ai qu'à lire plus, tout simplement, au lieu de faire d'autres choses, mais que veux-tu, je suis en plein travaux de mon futur chez-moi, pas le temps de lire)), j'ai eu très très envie de vous faire un article. Mais comme j'ai eu un gros passage à vide entre temps, bah je vais vous en parler que maintenant.
(Au passage, la neuvième symphonie de Beethoven est à mourir de magnificence (non, ça n'a rien à voir, mais j'avais envie de le dire)(non mais vraiment, c'est trop beau)(non mais en vrai quoi)). Bref, après cette (ces) parenthèse musicale, parlons donc de Simone.

Elle est surtout connue pour avoir été la compagne de Jean-Paul Sartre, pour avoir écrit Le deuxième sexe (qui est un essais existentialiste (Simone de Beauvoir se rattachant à la philosophie de Sartre, mais non pas en tant que "femme qui suit son mari" (d'ailleurs ils n'étaient pas mariés), puisque sa vision de l'existentialisme différait de celle de Sartre, mais je vais pas développer ce point (ou si tu veux que je développe, t'as qu'à demander, je me ferais une joie de répondre à tes questions)), un essai existentialiste donc, et féministe) et pour ses Mémoires d'une jeune fille rangée, qui n'est en fait que le premier tome d'une série bien plus longue.
Donc, Simone, sa vie son oeuvre : elle est née en 1908 dans une famille de bourgeois, donc éducation religieuse, assez classique (dans le sens "bourgeois bien comme il faut"), dès son plus jeune âge elle montre déjà des capacités intellectuelles assez développées. Le sexe est, bien sûr, totalement tabou (genre sa mère elle collait entre elles les pages des livres qui contenaient des passages trop "olé olé"). Partant de ça, notre petite Simone va, un beau jour, vers l'âge de quinze ans il me semble, se découvrir athée, se mettre à avoir peur de la mort (il me semble, ça fait un petit temps que j'ai terminé les Mémoires d'une jeune fille rangée), et à se demander ce qu'elle fout sur cette terre (c'est très intéressant, ce point, car c'est en quelque sorte la question de base de l'existentialisme : qu'est-ce qu'on fiche ici ?). Elle décide que ce qui justifiera son existence, ce sera l'écriture.
Elle passe son agrégation de philo, rencontre Sartre (en fait, elle le rencontre avant de passer l'agrégation, au temps pour moi) et tout un tas d'autres qui vont former une joyeuse bande d'amis et de philosophes (enfin pour ce qui est de Sartre, ils vont surtout former un couple, mais en mode "relation libre" (je reviendrais d'ailleurs par la suite sur la relation Sartre/Simone, parce qu'elle est assez intéressante)). Après, elle devient enseignante, et écrit son premier roman, Primauté du spirituel, qui sera refusé par Gallimard (mais qui paraîtra ensuite sous le titre Anne ou quand prime le spirituel). Ensuite, la deuxième guerre mondiale, qu'elle retrace sous forme d'un journal publié dans La force de l'âge, le deuxième tome de ses mémoires.
(C'est assez intéressant de noter qu'au début de sa vie d'auteur, Simone est loin d'être un écrivain engagé. D'ailleurs au début de sa vie tout court, elle est loin d'être engagée.. En fait, elle est plutôt détachée du monde (elle se dit d'ailleurs apolitique), de son contexte historique et tout et tout. Il y a elle, Sartre qu'elle englobe en elle (au début, plus tard ce n'est plus le cas) et le reste du monde, à côté. Elle s'y rattache assez rapidement (je crois que c'est justement la guerre qui la projette face à la réalité du monde, mais ça fait aussi un certain temps que j'ai lu La force de l'âge), et commence à défendre ses convictions à travers la littérature, un engagement politique (quoique Sartre a été beaucoup plus présent sur la scène politique, mais elle en donne la raison dans La force des choses), et la création d'une revue, Les Temps Modernes.).

Bon, je crois que je t'ai brossé un portrait assez complet de Simone de Beauvoir (j'avoue, j'ai zappé la partie vieillesse, mais je vais y revenir), maintenant, je vais attaquer les points qui m'intéressent (enfin, c'est Simone, forcément, ça m'intéresse, mais, voilà quoi).

Donc, Simone, vers l'âge de 50 ans, a commencé à écrire ses mémoires (c'est d'ailleurs assez drôle puisqu'elle écrit dans La force des choses à propos du fait qu'elle écrit ses mémoires (enfin...drôle...bref.)). J'insiste sur le terme mémoires puisque ça diffère du roman autobiographique. D'ailleurs on peut classer Une mort très douce, l'un des tomes des mémoires de Simone qui relate la mort de sa mère, dans le roman autobiographique plus que dans le genre des mémoires. Oui et donc, en gros dans des mémoires, l'auteur racontent sa vie en tant que personnage historique, alors que dans un roman autobiographique (qui diffère encore d'un journal puisque le journal est tenu au jour le jour, le roman est écrit après les événements), il la raconte en tant que personnage. Et en fait, Simone se tient sur la limite, mais plus elle vieilli, plus elle tend vers les mémoires (enfin, je les ai pas tous lu, mais on voit nettement la différence entre les Mémoires d'une jeune fille rangée et La force des choses). Sans doute parce que plus elle vieilli, plus elle perd goût à la vie.
Oui parce qu'au début, tu trouves une fille très joyeuse, qui aime s'entourer d'amis, et que le malheur du monde n'atteint pas ou peu (enfin, il l'atteint, mais elle préserve quand même son bonheur personnel), qui voyage beaucoup (elle m'a presque donné envie de voyager, moi qui n'aime pas trop les voyages) et qui aime profondément la vie. Et c'est dans La force des choses qu'on observe un changement radical : une sorte de désillusion, de dégoût du monde, avec la guerre d'Algérie (qui l'a beaucoup affecté puisqu'elle s'est mise à se sentir mal en tant que française alors qu'elle en avait toujours été fière), Sartre qui se porte de plus en plus mal (sans déconner, le mec il était scotché à sa table de travail, il dormait jamais, il se dopait à je sais pas quoi...tout ça pour écrire et pour essayer de faire évoluer les choses. Non mais...j'admire l'abnégation), elle qui se fait attaquer de tous les côtés (d'ailleurs quand j'ai lu qu'elle s'était prise plein de critiques pour Tous les hommes sont mortels, je n'ai pas compris. C'est l'un des meilleurs livres que je n'ai jamais lu (en fait, avant, y'a Guerre et Paix. Et c'est tout. Parce que tu peux pas teste Tolstoï c'est le meilleur))(oh et, je vais probablement vous faire un article long et chiant sur Tolstoï, aussi. Un peu dans le style de celui-là). Bref, Simone a peu à peu perdu sa joie de vivre, et je dois dire...
Que ça m'a fait bizarre. J'admirais son parcours, j'admirais ce qu'elle était, sa façon de penser, et je me reconnaissais tellement en elle que parfois c'était effrayant, alors la voir tomber dans cet état d'abattement profond, ça m'a fait bizarre.
Je dois dire qu'au début, j'ai été déçue. Je la considérais comme un modèle à suivre, et au final, je n'avais pas envie de devenir comme elle (enfin, je veux dire, oui, j'adorerai devenir un écrivain dont le talent est presque mondialement reconnu, mais je n'ai pas envie de finir ma vie déprimée (attend, je l'ai déjà commencée déprimée, faut pas pousser les gars)), ça me rendait triste qu'elle soit devenue une femme triste. Un autre truc qui m'a rendue triste, c'est qu'elle buvait beaucoup et qu'elle fumait des joints de temps à autre. En fait ce dernier point m'a beaucoup perturbée.
Et après, je me suis rappelée, que cette chère Simone, elle était humaine. Qu'elle revendiquait son humanité, son imperfection, qu'elle était honnête et droite dans ses écrits (et c'est d'ailleurs une chose que j'admire chez elle) et qu'elle refusait qu'on la mette sur un piédestal.
Alors je l'ai prise comme elle était, et ses faiblesses ne me la rende que plus estimable (c'est-à-dire qu'il n'est pas nécessaire d'être parfait pour aider le monde)(aider le monde, c'était écrire le Deuxième sexe, par exemple.).

Ha oui, en parlant du Deuxième sexe et du fait que la philosophie de Simone de Beauvoir soit très proche de celle de son compagnon : non, ce n'est pas un paradoxe. En effet, le Deuxième sexe dénonce le manque d'indépendance des femmes. Cependant, Simone avait des pensées proches de celles de Sartre à la base, il n'aurait pas été logique qu'elle les renient juste pour faire style "je suis une femme qui ne pense pas comme son mari" (d'ailleurs, ils n'étaient pas mariés). Et leurs philosophies se différencient en ce que Sartre était plus abstrait, Simone elle cherchait une philosophie et des réponses dans les faits de la vie (pour résumer grossièrement).

D'ailleurs, la relation Simone/Sartre, parlons-en. Ils se sont extrêmement bien trouvé, et on vécu longtemps en harmonie. Comme pas mal de gens le savent, ils ont eu ce qu'ils appelaient des "amoures contingentes" (Sartre qualifiait Simone "d'amour nécessaire"), c'est-à-dire qu'ils étaient libres de nouer des relations avec qui bons leur semblait. Et ils en ont nouées des tas, des relations. Pourtant, même si à la fin de leur vie, ils n'étaient plus un couple au sens sexuel du terme (et ce depuis des années), il restait entre eux un lien fort, si fort que Simone considère cette relation comme sa plus belle réussite.
Je trouve ça très beau.

Et quant on parle de plus belle réussite, on est forcé de parler de Tous les hommes sont mortels. Oui parce que c'est, à mon sens, le meilleur livre qu'elle ait écrit (je les ai pas encore tous lus. Mais je tend à penser, au travers de ses écrits à propos de ses écrits, que c'est effectivement le cas). Enfin. Tu vois, l'Etranger, de Camus ? Tout le monde dit qu'il te retourne la tête et tout. Bah, La Nausée, de Sartre, je l'ai trouvé mille fois mieux. Pourtant ça m'a mis une grosse claque et j'ai mis un moment à sortir de ma torpeur post-livre.
Mais alors, Tous les hommes sont mortels. La pire claque de ma vie. J'ai passé une semaine à me demander à quoi servait ma vie. Ce livre te pose des tonnes de questions, et il laisse les questions ouvertes.
C'est une lecture difficile, pas parce que le style est assez simple à lire, mais parce que ça induit beaucoup de questionnements dérangeants, auquel on ne veut jamais penser.
Mais étrangement, j'aime beaucoup qu'il y ait des auteurs qui pointent ce sur quoi il faut réfléchir. Même si c'est plus difficile.

Bon et euh...Hésitez pas à me dire si ça vous énerve les pavés à propos de littérature ou d'auteurs...et merci si vous avez réussis à tout lire.
Paillettes.
Je reviendrais avec un article un peu plus léger et habituel.

8 commentaires:

  1. Moi j'aime bien, j'ai jamais rien lu d'elle mais j'aime bien connaitre les vie des gens pourquoi ils ont fait ça etc... :)

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    1. Oh =) Merci beaucoup ^^ j'adore aussi connaître la vie des auteurs, même si je les lit pas forcément

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  2. C'est toujours intéressant de connaître le "contexte" des livres! ^^
    Et cet article est super! :)

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  3. maintenant j'ai envie de la lire ;) J'aime bien quand tu parle d'un auteur je trouve que ça ouvres des voies parce que , vois-tu, moi je ne connaissait pas bien Simone et maintenant ben, un peu plus, grâce à toi. J'attends Tolstoï avec impatience.

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    1. Haha, c'est bien, il faut lire Simone de Beauvoir ^^ pour Tolstoï ça va me demande un peu plus de travail, je maîtrise un peu moins bien sa biographie, mais ça devrait venir d'ici une semaine ou deux =)

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  4. Okay okay okay. Je crois que si c'était pas Sartre mon prochain livre sur ma PAL, je lirais direct Simone. Mais du coup, je lirai Simone juste après.
    Ton article est COOL. (Un peu emmêlé mais COOL)
    En revanche, je veux cet article sur Tolstoï. Sinon je ne dépasserai jamais la 100e page de Guerre et Paix à laquelle je me suis arrêtée, et je resterai avec un dégoût total de cet auteur, ce qui me déplait.

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    1. (grave emmêlé. Je l'ai écris entre chaque pause dans mes travaux. Du coup c'est logique ^^' puis j'avais trop de choses à dire.)
      ...Non mais je te jure, continue, ce livre en vaut vraiment la peine pour peut qu'on arrive à s'y accrocher.

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