jeudi 4 décembre 2014

Vis ma vie de boulimique

Bon. Je sens que cet article va pas être des plus simples à écrire (mais c'est toujours pas mal d'en parler). Je suis boulimique, donc. Depuis longtemps. Suffisamment pour en garder des cicatrices corporelles pour toujours (mais qui ne se voient pas vraiment. Peu de gens savent que les commissures de mes lèvres sont fendues et qu'en fait j'ai des cicatrices à cet endroit là. Mais elles sont là.), suffisamment pour savoir déjouer les crises la plupart du temps.
Mais c'est comme pour la scarification. C'est un truc qui reste en moi.

Je pensais vraiment m'être sortie de mes troubles alimentaires à un moment, ambiance "je suis zen devant du chocolat et je me sens bien dans mon corps", sauf que.
Sauf que je suis entrée à la fac (donc pour courir 30 minutes minimum tous les jours, oui mais non hein), que j'ai arrêté de fumer, et que j'ai commencé à stresser beaucoup.
La période du Nano a terminé de tuer mon rythme alimentaire (vu que je prenais un petit déjeuner de façon un peu optionnelle, et que je ne mangeais plus le midi, j'écrivais, que des fois je me couchais à 3h du matin, donc le lendemain je me réveillais à midi et mangeais vers 17h, bref tu la vois ma grosse anarchie ?).
Du coup petit à petit j'ai refais des crises. Parce qu'entre deux périodes où je mangeais rien, j'avais un peu beaucoup faim.
Et le week-end, quand je rentrais, je me sentais tellement pas bien que je crisais. Pour oublier que j'avais cours le lundi et que, ha, j'étais tellement pas à la hauteur.
Je dois t'avouer que ce retour en arrière me faisait me sentir vachement nulle.



Du coup j'ai décidé de ne plus me mettre la pression. Que si je n'arrivais pas à me poser, me calme et faire le tri dans mes émotions au lieu de me jeter sur le premier truc chocolaté qui passait, ce n'était absolument pas grave. Parce que c'est extrêmement difficile à faire et que je ne suis pas surhumaine.
Puis j'ai intégré l'idée qu'avec mes 55-56 kilos (en général, quand j'arrête de faire n'importe quoi, j'en reviens à ça sans vraiment rien faire pour) pour 1m63, je n'étais pas grosse. Du tout. Pas super mince comme j'aurais aimé l'être, mais je commence à être fatiguée de lutter contre mon corps. En fait.



Depuis, ça va mieux. Je reste assez nerveuse avant un repas (j'y peux rien, c'est toujours un peu un moment d'angoisse), tendue et susceptible (très, très susceptible), mais ça va mieux. Je peux rester dans mon appartement avec des choses crisables sans faire une obsession dessus (j'essaye quand même d'éviter, l'auto-torture c'est pas cool).
Et finalement, mon corps fait le boulot tout seul. Si je mange plus à un repas, j'aurais moins faim au suivant. Voir pas. Et inversement. Mon corps est un truc gentil.

Pourtant je suis toujours boulimique, et je pense que je serais toujours boulimique. Je sais que je peux replonger, que je peux recommencer à faire des régimes de fou ou me remettre à criser. Mais je fais avec. Parce que je n'ai pas le choix. Ce n'est pas moi qui décide, face à ça. J'ai un certain pouvoir, mais je ne suis pas toujours la plus forte.
Je ne sais pas comment je ferais pour ne plus l'être, à vrai dire. J'ai presque toujours eu un trouble alimentaire, sans doute que j'avais les prédispositions nécessaires (pas d'estime de moi, pas d'amis, hypersensible) et qu'on a appuyé là où il fallait pour que ça se déclenche.
Mais si je peux arriver à l'accepter et à être heureuse avec ça (et non pas malgré ça. C'est pas pareil du tout), alors c'est moi qui gagne.

8 commentaires:

  1. 1m63 et 55-56 kg? Mais tu n'ES PAS GROSSE! Tu es normale! Je te signale que je ne fait que 2 cm de plus que toi et que j'oscille entre 55 et 59 kg (les hormones, le stress, les règles,le travail, les migraines, toussa, toussa...)
    Alors si toi tu te trouve grosse avec ton poids, je t'avoue alors que je suis une "grosse vache". Mais je suis en harmonie avec mon corps et croie moi, ça m'a pris 27 ans pour l'aimer. (Maintenant un peu moins je suis obligée de faire du sport, haaa, faudra bien XD)(mais je l'aimerai encore mieux ensuite !! * positive attitude on*) (Lorie, sort de ce corps)

    Sinon, la boulimie, en plus d'être une trouble alimentaire est une maladie reconnue (je sais que tu le sais) du soutient, de la compréhension et de la tolérance... c'est déjà un bon début. Et tu as Le Fou ^^
    Mais tu as raison et peux de gens en tiennent compte, ce sont des maladies qui restent dans la tête (puisqu'elle sont mentale) et la plupart des proches l'oublie.

    On peut sortir de ce type de TA mais ça demande du temps et de l'aide. Mais ça reste toujours.

    Bon courage en tout cas, je fais de noeuds de phalanges pour t'encourager ^^

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    1. Mais je sais, que je suis pas grosse...Sauf que je me voyais grosse quand même, et j'y pouvais pas grand-chose ^^'
      (Mais le sport c'est le bieeeeeen ! *dit la fille qui n'a pas chaussé ses baskets depuis 2 mois)

      Oh, une maladie reconnue ? Je savais pas...Mais oui, y'a des gens qui comprennent (et d'autres qui te demandent si tu penses aux petits africains...mais bon). Et oui, j'ai le Fou, qui m'aide pas mal à m'apprendre à me trouver jolie.
      Et en fait ça ne se voit pas, la boulimie. Donc niveau soutient de l'entourage proche, bon... ^^'

      Merci <3

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  2. Tu ne dois pas te mettre la pression. Ce serait comme si j'étais dépressive (à temps plein, je veux dire, pas avec mon DBR) et que je m'engueulais parce que je n'avais plus la force de faire quoi que ce soit.
    Je pense que la boulimie doit être vue comme une maladie, à l'instar de la dépression. Tu peux essayer, mais tu ne dois pas t'auto-flageller si tu n'y arrives pas :)

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    1. Ben euh...J'ai aussi des alternances euphorie/dépression plus ou moins longues, et je m'engueule quand je suis dépressive. Mais j'essaye de moins le faire ^^'
      Ne pas s'autoflageller c'est compliqué. Mais j'essaye, et j'y arrive de mieux en mieux.
      Merci =)

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  3. Je ne connais pas grand-chose à la boulimie, à part que c'est une maladie reconnue souvent liée à l'estime de soi. Il ne faut pas en cculpabiliser. Tant pis pour les gens qui ne comprennent pas, ils ne savent juste pas de quoi ils parlent.
    Peux-tu en parler autour de toi à des gens à qui tu fais confiance ? Tes parents ? Une psychologue ? Pour avoir un soutien.
    Je te souhaite d'être bien entourée, comme tu l'es déjà avec ton copain.
    Du courage et des bisous

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    1. "Il ne faut pas culpabiliser" certes mais ça reste pas facile du tout ^^
      J'ai vraiment, vraiment du mal à en parler, il m'a fallut des années avant de pouvoir en parler ouvertement même rien que dans mon journal, mais heureusement pour moi j'ai beaucoup moins besoin de soutien qu'avant.
      Merci beaucoup en tout cas =)

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  4. Tu parles comme une alcoolique et au final, c'est ce que tu es mais avec la nourriture. Donc, non tu n'arrêteras jamais de l'être, un alcoolique même sobre depuis 30 ans se considère comme alcoolique.

    C'est sûr que tu ne peux pas arrêter de manger comme tu peux arrêter de boire de l'alcool mais pourquoi ne pas, pour t'aider, jouer sur les mêmes récompenses ? Des badges : 10 jours sans crises, etc... ?

    Peut-être aussi voir d'autres anciens boulimiques ? je ne sais pas, je jette des idées en l'air :)

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    1. Je vis actuellement pas trop mal avec ma boulimie, j'ai compris à peu près les mécanismes et ce que j'ai oublié de dire dans l'article c'est que ça fait très très longtemps (à l'échelle de ma courte vie de 18 ans) que je vis avec. Je sais gérer, les quatre cinquième du temps ^^ ce qu'il me reste à faire, c'est gérer les moments où je gère pas. Pour pas que ça dégénère et que ça redevienne grave.

      (et le système de "récompense" me met beaucoup trop la pression, mais c'est gentil ^^)

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