lundi 4 avril 2016

Nous sommes tous des super héros

Tous les jours je dois faire avec une nature anxieuse.
Les deux étiquettes qui conviennent le mieux à ce que je vis au quotidien s'appellent phobie sociale et phobie scolaire (les deux s'entremêlent avec un tas de trucs - coucou le bout du tunnel, où es-tu ?). La plupart du temps je prétends que ça va bien et je fais ma vie avec parce que, bah...J'ai pas le choix, pas le temps, pas le courage d'entreprendre une thérapie (je suis lassée des thérapies, je me sens inutile, je joue à la bonne élève surmotivée, en deux séances je voudrais que tout aille bien - ça ne marche jamais comme ça - ça ne marche jamais), bref je vis avec.

Et je me sens nulle.
Pour tous ces trucs normaux que tout le monde fait que je n'arrive pas à faire.
Genre quand ce week-end je me suis retrouvée en larmes parce que faire une dissertation c'était au-dessus de mes forces. Et qu'en fait je n'ai toujours pas réussi à attaquer la rédaction parce que j'ai trop peur.

Moi me parlant à moi-même.


Pourtant. Si les choses sont ainsi. Ce n'est pas moi la coupable. Ce n'est pas que je n'essaye pas assez fort, que je ne me bouge pas assez, que je ne me bats pas assez.
Quand je traîne un peu en sous-marins sur les réseaux sociaux et les groupes qui parlent de gérer les troubles anxieux, un des gros trucs qui ressort c'est la culpabilité. On n'en fait jamais assez, on n'est jamais assez capable d'être comme tout le monde. Personne ne va te féliciter parce que tu as réussi à t'acheter à manger à la cafétéria de la fac toute seule alors qu'il y a quelques mois ça aurait été purement impensable, par exemple. On a vite tendance à oublier ce qu'on réussit à faire et qui est énorme pour nous. A la place on préfère comparer avec ce que tout le monde fait. Et on se sent nul. Et. C'est nul.

Aujourd'hui je ne suis pas allée en cours. J'ai fais une heure d'allemand au centre d'apprentissage, ait écrit un peu, j'ai discuté de l'évaluation avec ma tutrice, mais je ne suis pas allée en cours. Je me suis baladée au parc et je vais faire une bonne séance de sport là maintenant parce que besoin de me défouler, mais je ne suis pas allée en cours. Donc j'ai l'impression de laisser ma phobie scolaire gagner et d'être faible. Pourtant.

Aujourd'hui, je suis allée acheter de quoi refaire mes racines dans un magasin inconnu.
Aujourd'hui, j'ai pris le tram.
Aujourd'hui, je suis sortie dans la rue.
Aujourd'hui, j'ai travaillé.
Aujourd'hui, je suis sortie de mon lit.
Aujourd'hui, j'ai parlé à des inconnus.
Aujourd'hui, je suis allée au rendez-vous avec ma tutrice d'allemand.

Et tout ça, ça me fait très peur. Mais je l'ai fais quand même.
Je n'ai peut-être pas terminé ma dissertation de littérature comparée. Je n'ai peut-être pas commencé celle d'étude de textes. J'ai peut-être raté beaucoup de cours ces derniers temps. Mais je fais de mon mieux, tous les jours. Même si le mieux n'est pas le même qu'au premier semestre où j'étais moins stressée tout le temps. Mais c'est pas grave de parfois pas être au maximum.

You are not guilty to me. Comme dirait l'autre.

On respire et ça va aller.

But still an achievement.

4 commentaires:

  1. C'est normal de ne pas être au top de sa forme tout le temps.
    Et pour ma part, je pense que tu as le courage d'affronter cette peur en face pour y faire quelque chose, au lieu de l'enterrer. Je pense que c'est ce qu'il y a de plus difficile, pour moi...
    Alors bravo à toi, sincèrement.

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    1. Justement, j'ai vraiment tendance à l'enterrer et à la minimiser au quotidien ou quand on me demande si je gère, alors qu'en fait non, je gère pas. Il faudrait que j'apprenne à accepter ça de moi mais j'ai. Un peu du mal.
      Merci à toi =)

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