samedi 23 avril 2016

Par rapport

Se pencher sur les objets.
Coller le nez à la fourchette. Décomposer le geste. Je t'enveloppe de mes doigts, je t'englobe dans ma bouche.
Le contact avec la fourchette relève de l'intime.
Pourtant on ne touche pas la fourchette comme on touche la bouche d'un amant.

Les choses.

Ne pas les vivre sans y penser. Perec disait ça. Accorde-toi sur l'infra-ordinaire. Le bruit de fond qui murmure.
Si tu vis dans la grande information tu perds tout, elle ne te dit rien. Fait parler les détails. Fait parler les objets. Demande-toi. D'où vient ce geste ? D'où vient la forme de cet immeuble ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que ça veut dire quelque chose ?

Définit un objet.
C'est un geste fossilisé.
Un geste qui peut être un regard.

Un objet. On en a tous. Des tas et des tas. On les porte contre notre peau, ils sont en nous ou tout proches ; on leur raconte nos vies à l'oreille, on les achète, on les use, on les jette, on les emplit de symboles et on les glorifie. Ils vivent à travers nos vies et nos vies s'impriment à travers eux.
L'objet n'est pas conscient de toi, tu n'es pas conscient de lui.
Le contact est surfaciel.
L'humain s'oppose. Il est sujet. Il est respirant et pensant. L'humain n'est pas objet.

Je ne sais pas comment vivre un objet. Je ne sais pas quel rapport avoir avec l'objet. Il y a trop d'objets. J'en possède trop. Je voudrais faire tenir ma vie d'objets dans un sac à dos et avoir accès à une immense bibliothèque dès que je voudrais. Les objets t'attachent.

Par rapport à l'objet où je me place ?
Et l'objet ? Où tu le places ?
Qu'est-ce que ça aurait à te dire un objet que tu ne saches pas déjà de toi-même ?
Qu'est-ce que l'objet pourrais dire de lui-même ?

Comment on rompt l'insatisfaction de ne pas pouvoir communiquer avec une fourchette ?

5 commentaires:

  1. Moi aussi, le moment où je mets la fourchette en inox dans ma bouche me fascine. J'adore ça.
    L'amant, il répond, la fourchette se tait mais en même temps elle parle un peu quand même.

    Est-ce que "vouloir dire" veut dire quelque chose ?

    "Le contact est surfaciel." ça a fait une image d'effleurement et une sensation de caresse dans ma tête et c'était juste trop bien.

    L'objet, tu le jettes devant toi.
    Un objet ça infirme ce que tu crois sur toi-même je crois.
    Un objet ça se tait sur lui-même il faut le regarder ça crie pas ça murmure pas, c'est, c'est là, et nous on le regard.

    Soit on humanise la fourchette et on simule une réponse de sa part. Soit on imagine tout ce qu'on sait de physique sur la fourchette et qu'elle murmure parce qu'on interagit avec elle et qu'on la fait murmurer : on écoute le froid qu'elle fait à nos mains, la sensation qu'elle fait dans la bouche, on regarde bien le goût qu'elle a et son poids et on teste son équilibre et on s'amuse.

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    1. Comment est-ce qu'elle parle, la fourchette, alors ?

      J'aime quand tu saisis mes italiques (c'était tout à fait la question)(je n'ai pas de réponse).

      ça se tait sur lui-même...J'aime beaucoup cette formulation.

      Alors la solution (autre qu'humaniser la fourchette que je rejette d'emblée mais je pense que j'ai pas besoin de t'expliquer pourquoi ^^) ce serait le contact sensuel ?

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    2. Par le contact sensuel et physique ^^

      Oh j'aime aussi =) (je pense que personne n'a de réponse mais on peut essayer d'en construire une ^^)

      ... Effectivement ^^ Je n'avais pas perçu sa beauté avant que tu la soulignes =p

      (oui, je comprends), ce serait le contact sensuel et son extension à tout le sensuel impalpable mais imaginable. Je veux dire par là, ta fourchette émet des infrarouges que tu ne vois pas, mais étudier ces infrarouges, c'est en quelque sorte rentrer un peu plus dans l'intimité de la fourchette ^^

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  2. Coucou Tiphaine !
    C'est moi la petite brune qui t'ai abordé cet après midi en ville pour te dire que j'aimais bien ton blog ! Encore désolée d'être apparue comme ca ca devait être super étrange et tu devais pas te sentir super a l'aise ahah mais j'ai pensé que ça te ferait plaisir ! :) très contente d'avoir pu rencontrer un petit collègue de paces aussi alias le fou. :p
    Au plaisir de te revoir ! (Tes cheveux te vont très bien!)

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    1. Haa tu as donc un prénom ! (je suis un gros échec du contact humain j'avais juste totalement bugé dans ma tête parce que je m'attendais pas à ce qu'on me parle. Désolée u_u) Non mais ça m'a fait super plaisir en vrai (du coup je suis frustrée moi qui dit tout le temps que ce qui m'intéresse dans le blog c'est le partage, quand je me retrouve face à une lectrice j'articule trois mots à peine ^^).
      De même ^^ (Haha merci !) (Et tant qu'on y est bon courage pour tes révisions)

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