mardi 4 octobre 2016

Le bullet journal, les cuillères et moi

Alors oui, oui, je sais, il y a déjà deux milliards d'articles et quelques sur le bullet journal dans l'internet entier.
Mais pouet.
J'avais envie de te parler de comment le bullet journal ça pouvait être un outil formidable en cas de maladie mentale qui fait que tu as des cuillères (attend tu vas voir). Les cuillères, on en parle pour les maladies physiques invalidantes (Margot de la chaîne Youtube Vivre Avec l'explique très bien). En gros pour une journée tu vas avoir, mettons, sept cuillères, qui vont représenter ton niveau d'énergie. Faire un truc = des cuillères en moins. Sauf que ça va plus ou moins vite (par exemple elle explique qu'une douche c'est une cuillère, se laver les cheveux c'est une de plus, les transports en commun aussi, faire à manger, monter l'escalier, etc...).

Pour moi, avec mes troubles-têtes, j'ai des journées avec plus ou moins de cuillères.
Mettons que c'est une journée à 6 cuillères (donc pas trop dormi et phase down), avec des TCA, que j'ai emporté ma nourriture pour le midi, et que c'est un mardi (par exemple).
-Réveil deux heures avant les cours, j'ai le temps pour moi, je lis, j'imprime mon latin, je traîne. Je gratte une cuillère.
7 cuillères.
-10h30 c'est l'heure du latin. Y aller ça prend une cuillère. Une cuillère encore pendant le cours parce qu'il faut parler.
On en est donc à 5 cuillères.
-12h30 c'est l'heure du midi. Le mardi je retrouve pas de gens précis donc c'est un peu l'angoisse de trouver un endroit pour manger. Moins une cuillère. Puis il faut manger. Comme on est un jour de TCA un peu marqués manger ça prend encore une cuillère à cause de l'angoisse.
Et bim, 3 cuillères.
-13h30 c'est l'heure de la littérature francophone. C'est pas un cours trop à cuillères parce que y'a pas beaucoup d'ennui et que y'a pas besoin d'interaction.
-Après c'est la BU. En général je travaille le latin. Suivant la difficulté ça prend une à deux cuillères. Si c'est la difficulté normale ça prend deux cuillères.
Boum, il reste une cuillère.
-18h30, c'est le polonais. Le cours est difficile et il prend deux cuillères.
On en est à moins deux cuillères.
-20h30, on rentre (-1). S'il faut faire à manger encore et prendre toutes les décisions en charge (qu'est-ce qu'on mange et tout), c'est encore moins une cuillère. Comme c'est souvent ça on va la compter en moins.
Donc avec une journée normale je peux finir à -3 cuillères.

Ce qui fait que le lendemain, qui est le mercredi, j'aurais pas toutes mes cuillères restaurées. On tournera autour de 3-4 cuillères le matin. +1 si j'arrive à me lever très tôt pour prendre le temps pour moi. Puis y'aura la matinée de cours (-3), le repas (-1 parce que y'aura des gens pour décider à ma place), le cours de l'après-midi (-1), le retour (-2 parce que heure de pointe). Donc je serais entre -3 et -4 cuillères et j'aurais fait que mes journées normales de cours. Et je t'ai épargné.e les cuillères que ça peut prendre d'aller faire les courses ou que le Fou insiste trop pour que je range et que ça finisse en dispute.

Quelles conséquences ça a sur ma vie ? Et bah. Si je ne fais pas attention, si je pousse trop mes limites physiques ou mentales, si j'en exige trop de moi, je finis sans cuillères.
ça laisse la porte grande ouverte à la dépression, aux pensées suicidaires, aux angoisses, et il me faut du temps de rien, de solitude et de repos pour pouvoir reprendre la vie normale. Parce que oui, y'a aussi des jours où c'est presque comme si j'avais pas la limite des cuillères. Et "presque", hein. Dans les jours de cuillères les interactions sociales ça m'en enlève de plus en plus et heureusement que j'ai les week-ends pour me reposer. Là j'ai sauté beaucoup de week-end de repos, et je le sens passer, j'ai dû sécher des cours parce que sinon ça allait être impossible de tenir.

Bref.
Tout ça pour dire que le bullet journal, outil sensé améliorer sensiblement ta productivité et te rendre capable de faire tout un tas de trucs et dans lequel on voit souvent des to-do list à rallonge et qui est super bien décoré, ça avait pas l'air d'être pour moi. Et de fait, j'avais tenté et ça ne l'était pas.
Puis cet été, à la recherche de quelque chose qui me permettrait de ne pas tout faire reposer sur mon pauvre cerveau (j'ai une excellente mémoire donc je n'ai pas besoin de noter les trucs à faire), je me suis dis "et si je tentais le bullet journal mais en mode pas soigné et avec des to-do list minimalistes ?".

Donc j'ai tenté.
J'ai fais les pages classiques (calendrier annuel, index, etc.) mais au final je ne m'en sers absolument pas.
J'ai une page pour le mois où je note mes "trackers" (des habitudes que tu veux suivre). J'ai un tracker pour les jours où je me lave les cheveux (je cherche à retrouver mon rythme d'un par semaine que j'avais avant de faire n'importe quoi l'an dernier), un pour les jours où j'écris et un pour le blog.

Octobre avant qu'il se passe des choses.

Après pour la semaine je note les objectifs / trucs à faire impérativement puis tous les jours je fais une petite liste que je coche si accompli ou pas.

Comme tu peux le voir je ne me casse pas la tête avec des couleurs, du masking tape, des jolies écritures et autres trucs décoratifs.
Parfois je raye quand je n'ai pas assez de cuillères pour le faire (et c'est pas grave)(vendredi par exemple était un jour sans cuillères), et comme tu peux le voir je fais vraiment des listes très petites et j'essaye de me mettre un truc concernant l'écriture / le blog par jour. Parfois si je fais plus de choses que prévues dans la journée je les écris quand même parce que ça me permet de me rendre compte que même avec mes cuillères pas super élevées je peux faire des choses (aussi j'essaye de noter les trucs à faire en fonction des cuillères pour pas me retrouver avec des journées où j'avais prévu plein de trucs mais où au final j'aurais rien fait).
J'ai aussi une page qui me sert pour suivre l'évolution de mon roman en cours avec le nombre de pages / de mots, le "où qu'on en est des chapitres", puis pour plus tard "où qu'on en est de la deuxième correction" (oui là c'est la réécriture). ça m'aide un peu pour voir ce qu'il me reste à faire et l'évolution actuelle des choses.


Comme tu peux le voir je ne m'embête pas non plus à souligner les titres à la règle.

Donc, pour limiter cet article qui est déjà assez long (sorry not sorry) : le bullet journal, ça me libère des cuillères. Un des gros trucs qui me mange des cuillères, c'est le stress. En ayant un système d'organisation, je gagne une impression que contrôle et de productivité qui est rassurante.
Le système a ses limites (parce que ça ne me permet de gérer le stress que quand j'ai assez d'énergie pour faire des trucs, si j'ai déjà pas beaucoup de cuillères ça peut se faire manger en entier par l'angoisse) mais ça m'aide vraiment vraiment beaucoup.

Et toi tu fais des boulettes ?

2 commentaires:

  1. Je ne xonnaissais pas du tout ce systeme des cueilleres, mais je concois que ca permet de vraiment visualiser et conceptualiser l'energie et le "stock d'energie" disponible avant cet espece de buen out.

    Je n'ai pas de bullet journal, mais quelques listes, et un agenda sur mon smartphone qui est rempli de couleur par type de tache. C-est joli, coloré, un peu foutoir mais je m'y retrouve ...

    J'espere que ton bullet journal va continuer a t'alleger l'esprit et faciliter ton quotidien.

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    1. ça permet aussi d'expliquer à l'entourage (s'il est réceptif) l'impact que ça peut avoir sur notre vie tel ou tel trouble.

      Les listes c'est le bien ! C'est d'ailleurs pour ça que j'ai commencé le bullet journal : ça regroupait mes listes ^^ et puis tant que tu t'y retrouves, c'est le principal =)

      Merci =)

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