lundi 5 septembre 2016

Je fais lentement l'abandon du grand manteau qui me calfeutre

(Et à mes heures perdu je cite Cyrano d'Edmond Rostand).

Y'a pas si longtemps de ça je me suis retrouvée à passer tous mes moments seule en PLS avec une forte envie de vomir et les neurones qui tournaient en boucle sur "tu rentres en L3. L'année d'après, c'est le master, tu vas devoir commencer à te préparer pour le CAPES et à enseigner et une fois que tu en seras là tu devras te battre pour arriver dans l'enseignement supérieur et tu n'y arriveras pas et tu n'auras plus jamais assez de cuillères pour écrire et t'épanouir parce que come on tu n'es déjà pas capable de vivre comme une personne normale quand tu n'as rien à faire", en général suivi d'une réaction totalement paniquée et épidermique de "mais je ne veux surtout pas faire ça" et d'un fort sentiment de "ça y est je suis prise au piège".
Et comme ça. Encore et encore.
C'était pas vraiment la façon dont je voulais que ces vacances se terminent.

J'étais déjà parfaitement au courant que si j'avais un obstacle dans la vie qui allait me poser problème, c'était ma santé mentale pas très...en santé, en fait. Et là, en voyant l'échéance se profiler doucement au loin - j'aime m'angoisser pour un futur que je ne peux pas maîtriser - j'ai réalisé que vraiment, ça n'allait pas le faire.
Je suis incapable de supporter le stress que ça engendrerait de devenir prof.
Du coup ça me semblait carrément injuste de me retrouver prof alors que mon rêve dans la vie c'est de devenir un écrivain et que prof c'était l'option "oui mais comme ça je continue à faire de la littérature" (et puis je ne déteste pas l'idée d'enseigner, j'aime vraiment l'idée d'apprendre des choses aux gens (et sincèrement je pense que j'aurais été une prof cool), simplement je ne me déteste plus assez pour penser que je dois sacrifier ma santé mentale pour avoir un travail).
Alors voilà, j'étais là avec ma tête bloquée dans cette situation et l'idée que j'étais condamnée à continuer comme ça sinon j'allais échouer et tout le monde allait m'en vouloir (je vous ai déjà dit que c'était compliqué d'être vue comme celle qui a des bonnes notes et c'est comme ça et personne n'envisage jamais l'idée que tu échoues ?), quand ma meilleure amie alias la Brunette m'a rappelé une chose certes pleine de bon sens mais que du haut de mes 130 et quelques de QI j'avais oublié (à vrai dire je pense que vu comme je suis pas capable de gérer la vie avec mon cerveau on devrait donner mes points de QI à quelqu'un qui saurait en faire quelque chose) :

"Nos choix ne sont pas définitifs à la vie à la mort, il y a toujours moyen d'arranger les choses pour qu'elles aillent plus dans notre sens si jamais ça dérape".

Du coup ça a réactivé mes neurones qui s'étaient tous mis à hurler dans tous les sens et ô, miracle.
Je peux faire ce que je veux.
Je peux développer mon blog et commencer à envoyer des articles pour d'autres sites.
Je peux écrire, beaucoup, beaucoup, beaucoup, et être publiée un peu.
Je peux ne pas avoir un CDI et être précaire et un peu pauvre.
Je peux garder les portes ouvertes.
Je peux enfoncer les portes que j'ai fermées pour le moment.
Je peux ne pas avoir ce "filet de sécurité" qu'est le CAPES et mettre toutes mes forces dans la bataille - et devenir chercheuse en littérature.
Je peux dire "screw all of this" et passer un CAP de coiffure.

En soit, ça a pas résolu magiquement toutes mes angoisses - parce que phobie scolaire et qu'en ce moment grosse phase dépressive - mais le fait de réaliser que j'étais pas obligé de m'en tenir à ce que je réponds toujours quand on me demande ce que je veux faire plus tard, que la seule personne qui avait le droit d'avoir des attentes de ma part c'était moi, bah.
J'ai respiré.
J'ai recommencé à pouvoir manger un peu - et surtout autre chose que du pain.
J'ai fais le tri dans ma tête sur ce que je voulais vraiment - écrire, lire, faire un peu de bien dans ce monde tant que je suis dedans - j'ai cherché des options pour après la licence qui me conviendraient (j'en ai trouvé), j'ai planifié mes petits trucs administratifs pour avoir moins peur, et j'ai repris mon stylo.

J'essaye de me débarrasser des influences que j'ai dans ma tête. Je discute beaucoup de moi à moi, avec les gens autour aussi un peu, et si je n'ai toujours aucune idée de ce qui va se produire cette année - est-ce que je vais craquer, ne pas réussir à aller en cours, redoubler, ou est-ce que tout va bien se passer ? (la réponse au prochain épisode) - je sais que je marche toujours dans la bonne direction.
Et que je peux continuer à être une survivante.


5 commentaires:

  1. Salut minette, juste pour te dire que j'ai envie de te voir et que tu me manques.

    Je t'aime.

    A.

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  2. Oh la la la la la la la la la la laaaaaaa.
    Je t'envoie tout plein de courage et de baume contre l'angoisse - je sais, c'est pas efficace, mais j'ai pas mieux en stock, et puis t'as de super cheveux alors ça va le faire (ne cherche pas la logique il n'y en a pas)(ça veux juste dire que j'aimerais pouvoir dire "ça va aller ça va être cool" mais là je suis dans une phase où je me dis que ça ne va pas aller et puis dans les faits en général ça ne va pas, du coup je vais surtout te souhaiter que ça aille le moins mal possible)(ok c'était censé être encourageant, j'ai tout raté, je recommence : ...
    Non en fait je sais pas comment exprimer de l'encouragement, mais, encouragement.)

    (Oui, ton article met du gros bazar dans ma tête, parce que comment dire que je me sens pas du tout capable de réussir mon BTS et au sens large ma vie professionnelle de futur graphiste)

    Tendresse douceur sur toi, félicitation pour ta survie. J'espère de tout coeur que tu pourras faire ce qui te fait du bien. Je te perçois comme quelqu'une de vraiment très, très forte.

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    1. (Tu es vraiment trop mignonne et ha je sais jamais trop quoi dire tu es juste trop mignonne et je t'envoie de l'encouragement aussi)

      (Mais toi tu es une géniale et ça va aller.)

      Haa. Merci toi. Je vais essayer.

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  3. "Je te perçois comme quelqu'une de vraiment très, très forte." Du coup Ama a tout dit.

    Je note la corrélation entre le pas-manger et l'angoisse de ce que tu vas faire dans ta vie et des opportunités bloquées (je sais pas le dire bien mais fatigué donc voilà).
    Et. Comme tu le dis. Tu as le feu sacré. Rien n'arrête le feu sacré. Ça ira.

    Y'a Michel Berger qui dit "Ça ira, si tu y crois, si tu crois en toi. Concentre-toi. Allonge les bras. Avance d'un pas. Et plonge." parce que "Si tu plonges, y'a des montagnes d'amour qui t'attendent, y'a des mains, y'a des poings qui se tendent." Enfin voilà. Câlin courage toi.

    Et paillettes sur ta tête <3

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